Pour Jacques De Decker

Cher Jacques,

 

Tu auras bientôt 50 ans paraît-il… te souviens-tu, nous avons parlé longuement à l’Académie lors d’une réunion très enfumée et très abreuvée. Et tu m’as apporté une grande joie… tu m’as dit que la jeune génération littéraire connaissait et peut-être aimait certaines de mes œuvres. Nous nous sommes séparés… et nous ne nous sommes plus ou très peu vus… et puis, nous étions inquiets pour toi… Or, vois-tu, il me semble que la vie, comme les plus belles fleurs, se fane ! Mais elles se fanent pour fleurir à nouveau. Et à présent, dans mon vieux jardin, Elza et moi retrouvons tout ce qui est doux : les ailes qui sont des oiseaux et le vent qui nous apporte tout ce qui est beau et bon.

Cher Jacques, tu es revenu… et j’essayerai de t’écrire encore cet été ou cet automne.

Aujourd’hui, il y a le silence dans l’azur ! Oui… et je t’appelle… et ce n’est plus la souffrance !

Aujourd’hui c’est l’absence des nuages. Nous avons depuis ce matin l’Arc en Azurs ! Quelle joie ! Je me suis réveillé, et je me suis couché dans la prairie où chaque brin d’herbe porte goutte d’eau. Ajoutons-y quelques couleurs car je crois que l’arc-en-ciel en porte dix ou douze au revers du costume qui chante en bleu, jaune, rouge et vert, sans compter les immenses réserves de couleurs protégées par le plaisir et la joie. Il y a aussi un arc-en-ciel pour les petites pluies du soir, celles, Jacques, que tu accepteras peut-être au clair de lune avec les amis retrouvés.

Me voilà donc porteur d’arc-en-ciel sur les bras et je crains, distrait, de mêler les couleurs. Par prudence, j’enfermerai la couleur ESPOIR dans les tiroirs de poche.

Asseyons-nous dans l’herbe mouillée. Oui ! Et écoutons les fameux concerts de l’air…

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