Comme on voit l’hiver deux chevaux qui vont l’amble,

Côte à côte, au bord doré de la marée,

Élevant mêmes sabots et mêmes jambes

Du même or brun sur l’or gris de la marée,

Comme on les voit dans l’or bleu de ce décembre

Ambler à pas vifs leur trot de haquenées,

et, seul à seul, conjuguer l’art d’être ensemble

Au même instant d’une même matinée,

Ils sont tous deux si pareils dans l’or qu’ils semblent

Ambler au pas de la même chevauchée,

Côte à côte, l’un jouxtant l’autre, à l’exemple

D’un corps double ou d’une ombre unique tremblée.

En les voyant dans l’or de la matinée

Si joliment copier leurs enjambées,

Qui saura qu’ils ont inversé leur durée ?

Que l’un monte et l’autre descend les années ?

Comme ces chevaux qui si bien se ressemblent,

Enfance et Cinquantaine vont l’amble ensemble.

Pour mon ami Jacques, cette promenade,

au bord de la frange candide et sauvage de la marée,

des deux chevaux de son âge

qui vont l’amble côte à côte

dans la claudication de l’hendécasyllabe.

Avec ma vieille affection.

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