Écrire et penser « wallon » ne sont pas, de toute évidence, les caractéristiques de mon œuvre. Dois-je le déplorer ?

Je ne peux que revendiquer l’« universalité » de mes racines wallonnes, par l’esprit qu’elles ont insidieusement distillé dans une littérature que j’ai faite mienne…

Et n’est-ce point déjà inimaginable que de parler « grandiosement » d’un nom qui évoque davantage toutes les nuances des « régionalismes », qui a tout pour faire « local » : Wallonie… ? « Vallonie » ? Ondes terrestres pour ondes imaginaires, fantastiques et quotidiennes à la fois…

La notion de « régionalisation » semble rétrécir les choses et les gens. La Wallonie n’est cependant pas une addition de petites identités voisines. C’est la constatation que, par le monde – proche ou lointain de nous -, il y a des endroits, des moments, où l’on a été en compagnie de gens qui ne se connaissaient pas, mais qui donnaient l’impression d’une parenté indubitable.

Il me paraît, de ce fait, plus opportun de retenir qu’une âme d’écriture wallonne peut sourdre des mots et des façons de les disposer dans un esprit particulier, pour aboutir à une identité qui se reconnaît née des régions de Wallonie. De ces régions où parents et amis nous ont nourris d’un imaginaire propre à ce pays, quelle que soit, finalement, la langue d’expression des œuvres produites.

Là où l’œuvre atteint l’universel, c’est au point de non-retour des racines reconnues comme étant nourricières, propres à un pays et non à un autre, assimilées puis vécues dans leurs particularités, et rendues ensuite à tous, pour ce qu’est l’homme partout et toujours…

N’est-ce pas en cela qu’être « de Wallonie » est, avant tout, être vraiment d’un « quelque part » fort d’une vie sociale profonde et intelligente, faite de liens puissants, née d’une histoire complexe, enrichie de légendes et de croyances millénaires, propres à l’humain de ces contrées-là, mais compréhensibles par tous et partout…

On peut être « de Wallonie » et être aussi, tout simplement, soi-même.

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