Gérald, né en 1910, est à Bruxelles dès 1911. Il habite au boulevard Lambermont. Il apprend à lire et à écrire en 1915 à l’École Moyenne, rue Royale Sainte-Marie, à calculer chez les Frères des Écoles Chrétiennes, rue Van Schoor. Puis il enfourche son vélo et gravit le boulevard Lambermont pour aller au Collège Saint-Michel, s’accrochant à l’occasion à l’arrière d’un camion qui lui facilite la montée longeant le parc Josaphat, pour échapper au plus vite à la zone empuantie et au nuage de moustiques du déversoir d’ordures de la ville, future avenue Léopold II, juste avant le Brésil, série de baraquements où s’abritaient des réfugiés de la guerre 14-18, face au Tir National…

On ignore à cet âge à quel point l’histoire balbutie !

Stéphane fait deux candidatures à la Faculté Universitaire de Saint-Louis, au boulevard du Jardin Botanique. Puis il prend le train de six heures cinquante-neuf tous les matins, à la gare de Schaerbeek, pour aller suivre ses cours de droit à Louvain.

Devenu « critique d’art » grâce à William Ugeux, qui succède à l’Abbé Wallez au quotidien Le XXe siècle, il se met à parcourir la ville en tous sens, en quête d’expositions, voyant ainsi naître et mourir quantité de galeries, de Brachotà L’Angle Aigu, en passant par L Armorial, L’Escalier, La Petite Galerie et tant d’autres…

On le retrouve militaire, à cheval, aux 1er Guides, en 1932, galopant à longueur de journée sur la Plaine des Manœuvres, à Etterbeek, sans se douter qu’il foulait là un futur sol universitaire…

Il se marie et entre aux Moulins de Trois Fontaines, le long du canal. La guerre l’en déloge. L’armée anglaise dynamite les installations, trompée par un tunnel sous le canal, étroit boyau qu’aurait pu défendre une vieille dame avec un parapluie !

Voilà notre homme parcourant tous les organismes administratifs et financiers de l’époque, pour entreprendre la reconstruction de l’entreprise. Le nombre de services, installés en hâte, est tel qu’il est pratiquement impossible aux usagers de procéder aux démarches les plus élémentaires sans des errances multiples et incessantes…

Thomas, découvert entre-temps par Stanislas-André Steeman qui a lancé une collection de récits policiers Le Jury, fait ses débuts de conteur et de romancier. Les bombardements américains sur la zone de la gare de Schaerbeek détruisent plusieurs îlots de maisons, dont celui de la rue Masui… Terrible hécatombe de civils… Thomas s’installe à Uccle d’abord, puis à Ixelles, rue Capouillet.

Le jour de la Libération, Thomas est chez Marie Howet, rue de la Source, où l’architecte achève son portrait, tandis que cela pétarade du côté du Palais de Justice. Le vieux Docteur Howet crie en vain dans l’escalier : « Descendez Marie, on tire ! » Le portrait n’est pas interrompu.

Ainsi va l’histoire, la petite comme la grande. Toutes deux font Bruxelles « plurielle »…

 

Note : Gérald est Bertot. Stéphane est Rey. Thomas est Owen…

Tous trois sont un seul et même personnage, lui aussi « pluriel » !

Certifié sincère et véritable.

Partager