Et si les avions du 11 septembre s’étaient écrasés sur les temples de la culture : le MET, le Guggenheim, la bibliothèque du Congrès ? Quelle aurait été la réaction ? WAR ? Question d’école, sans doute… Alors voici, en guise d’hypothétique épitaphe, encore un texte peu connu – ou en tout cas nulle part reproduit, que je sache – d’un autre écrivain, souvent visionnaire aussi : celui de Paul Valéry gravé sur le double fronton du Palais de Chaillot :
dans ces murs voués aux merveilles
j’accueille et garde les ouvrages
de la main prodigieuse de l’artiste
égale et rivale de sa pensée
l’une n’est rien sans l’autre
choses rares ou choses belles
ici savamment assemblées
instruisent l’œil à regarder
comme jamais encore vues
toutes choses qui sont au monde
tout homme crée sans le savoir
comme il respire
mais l’artiste se sent créer
son œil engage tout son être
sa peine bien-aimée le fortifie
il dépend de celui qui passe
que je sois tombe ou trésor
que je parle ou me taise
ceci ne tient qu’à toi
ami, n’entre pas sans désir
Oui, créer, c’est aussi désirer. Je n’ai quant à moi rien à dire de plus.