Knokke-le-Zoute ! J’ai quitté la capitale par le premier train, laissant les hommes à leurs problèmes d’hommes. Je me suis ruée sur la digue et j’ai retrouvé la plage encore déserte, qui passe de l’ocre au tabac, selon le bon plaisir des nuages. Ceux-ci défilent au triple galop, on dirait une fanfare en accéléré, un tatoo belliqueux, mais pour rire. Ah cette première bouffée d’air ! Cette première frappe à l’estomac ! J’adore cette violence-là, faite d’algue et d’iode. La marée était si haute que les vagues venaient lécher les premières dunes. Jusqu’où iront-elles ! Tout ici enivre, le soleil fait claquer l’écume, mille coquillages roulent et bruissent aux oreilles. Les châteaux de sable se désagrègent et les petits ne savent pas s’ils doivent rire ou pleurer. Près de l’eau, les oiseaux se laissent porter par le vent et cherchent un pieu de bois où se poser. Mais il faut gérer la bourrasque, certains de ces strandlopers dévient, dérapent un peu sur la mousse. C’est pas joli joli tout ça, mais je ne dirai rien ; et à part moi, personne n’a rien vu !
Bien sûr, il m’arrive de souhaiter Vital à mes côtés. Torse nu, le bras autour de ma taille, les cheveux en désordre, la main égarée sur mes hanches, un parfum de coquillage aux alentours du cou. Si je pense à lui, alors oui, la solitude me pèse. Mais sinon, les retrouvailles avec le vent, je les vis bien toute seule. Lire la suite