Je me souviens que le 11 septembre 2001, je me suis levée en prenant la résolution de répondre à Craig, un médecin de Chicago, rencontré l’été dernier à Carmel, « la ville dont le maire est Clint Eastwood ». On avait fait sa connaissance au cours d’un concert consacré à Bach et il était ivre de reconnaissance de voir des Belges venus exprès à Carmel pour la musique. Sa carte postale, qu’il avait envoyée fin août de Carmel, était dressée contre des livres dans la bibliothèque, comme un remords permanent. Il me fallait donc acheter des timbres pour les enveloppes que je possédais déjà. Réunir timbres et enveloppes, aussi curieux que cela paraisse, constitue souvent une opération au-dessus de mes forces. Je possède les uns, je possède les autres, rarement en même temps. D’où ces lettres qui ne partent jamais…

Je me souviens que ce mardi, j’étais seule dans la maison. J’avais toute la journée pour moi. Je me suis promis d écrire, d’avancer un bout dans mon nouveau roman.

Je me souviens que je me suis préparé un café vers 10 heures, et que je ne l’ai pas trouvé bon. Lire la suite


Au départ, il y a l’anecdote qui est vraie, l’officier de l’état civil qui demande à la grand-mère de Jacques B. quelle est sa langue maternelle, la vieille dame ne comprend pas, qu’est-ce qu’il me veut ?, il veut savoir quelle langue tu parles, alors elle, à l’officier de l’état civil, avec la force de l’évidence, déclare : « Frans hein, Mijnheer », ne voyant pas vraiment pour quelle raison son petit-fils se met à rire, comme il provoquera le rire de ses amis quand, beaucoup plus tard, il leur racontera la merveilleuse et si bruxelloise réplique de son aïeule. À l’ombre du Palais de justice, ils sont tous comme elle, polyglottes impertinents, farceurs et râleurs de première, plus malins que tous les officiels réunis, ceux qui veulent leur coller une étiquette sur la langue, tirez la langue et dites « Aaaah », rien que pour voir si elle est flamande ou francophone, mais quel flamand cette langue tricote ! et quel français orné de fruits exotiques ! avec en prime le bonheur sans partage de rigoler de soi, et aussi des autres, pourquoi pas, de ceux qui se promènent de l’autre côté du boulevard. Lire la suite