À la mémoire de Denise, ma petite cousine de par-delà cette importune frontière des langues dont se jouait notre enfance.

J’ai connu une guerre buissonnière où je m’identifiais à Huckleberry Finn dans les vergers bruissant d’abeilles qui ceinturaient Boutersem, Kumtich et Opvelp, à l’ouest de Tirlemont, chez mes oncles et mes tantes. La tartine y fleurait son blé à plein blond et les cerises y chevauchaient les oreilles de mes cousines. Lesquelles étaient trois, lise qui déjà savait comment relever son sourire ainsi que le bas d’une robe, Flora, noire, feu, fière, ma petite cousine d’amour qui ne cédera que devant Douce, Clara, la benjamine, qui, bien que mouillant parfois encore ses draps, déjà campait gaillardement son poing sur sa hanche, comme son père, oncle Théo, lorsque ce dernier maquignonnait une génisse.

Mes trois cousines pouffaient des « Frederickk ! » hypocrites dans la satinette noire de leur tablier lorsque je leur exhibais le vermisseau polisson d’Huckleberry Finn. Si, de mon prénom, elles se mettaient plutôt en bouche les écales que les cerneaux, c’est que nous ne parlions pas la même langue, elles et moi, mes petites-cousines flamandes, tortillant au plus serré, avec des « yo, moor, Frederickk ! », leur jupette entre leurs jambes, lorsque, sous la doublure, j’aventurais mes doigts tachés du jus des myrtilles en leur chuchotant : « Tu fais voir ? ». Lire la suite


Jamais sans doute depuis belle lurette septembre ne fut-il à la fois si frais et si chaud qu’en cette année.

Et l’on glosera longtemps sur l’incident historique qui, monté en neige par une presse coupable, nous a valu un feuilleton de bien mauvais aloi.

Certes, le régime des talibans, qui se recommandent d’Allah en pervertissant son enseignement, est à combattre. Mais en refusant de signer le Protocole de Kyoto, Bush Jr., au nom du sacro-saint Dollar, n’est-il pas l’artificier fou qui bat le briquet sous l’amadou d’une bombe chimique dont les retombées risquent de mettre toute l’humanité en péril ?

En l’occurrence il n’est qu’une certitude : c’est qu’en cette affaire, le lion et le moucheron sont des milliardaires qui se foutent comme de l’an quarante des fourmis que nous sommes.

Et moi, qui n’ai pas le sou, dans mon heureuse campagne, de relire La Fontaine : Lire la suite


En hommage à Benjamin Rabier, dessinateur de grand talent

à qui l’on doit une illustration malicieuse

des « Fables » de La Fontaine

ainsi que le museau hilare

de « La vache qui rit »,

à Jean Cocteau, qui fit autrefois les beaux soirs du « Bœuf sur le toit » et à Jean Dubuffet qui a mis à brouter des vaches folles

dans tous les musées d’Europe et d’ailleurs.

 

Fermiers, bouchers, équarrisseurs,

les voilà tous qui se lamentent :

Le peuple renie ses fournisseurs

Et veut qu’on le mette à l’amende.

Veaux, vaches, cochons, couvées,

Comme les poissons de la marée,

Sont boudés au marché. Lire la suite