— Chérie, t’as fait quoi avec le home banking ?
— Qu’est-ce que tu dis, mon poulet ?
— T’as fait quoi avec le home banking ? Ça déconne !
— Qu’est-ce qui déconne ?
— Mon compte courant est passé en dollars.
— Comment, « passé en dollars » ?
— Passé en dollars. Il me dit – 3 422,00 $ et pas – 3 422,00 €.
— M’enfin, c’est pas possible !
— Non, c’est pas possible. Pourtant, regarde.
— Ah, ben ça alors… Mais… t’as vu ? Là, notre compte épargne !
— Quoi, le compte épargne ?
— C’est quoi ce symbole bizarre ?
— Ah oui, euh… je sais pas. C’est pas un yen, ou un bazar comme ça ?
— Ben mon poulet, t’as fait quoi avec l’ordinateur ?
— Mais rien, chérie ! C’est une combine de Bellefouille, je parie. Je te jure, ils vont m’entendre demain matin. Première heure, je les appelle. Ça va pas se passer comme ça.
— Calme-toi, mon poulet, ça doit être un problème informatique. Ça sera vite réglé.
— J’espère bien, oui !
— Allez, viens, les petits nous attendent pour manger. Tu termineras tout à l’heure.
— Tu as raison, chérie. Allons manger.
*
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*
— Vous avez fait vite, bien.
— Vous m’aviez dit que c’était urgent.
— C’est urgent, en effet. C’est déjà trop tard, même.
— Expliquez-moi.
— Lisez ceci.
Le ministre brandissait la dernière édition du Matin. Celle du lendemain. Paul Vande Gucht survola les manchettes. La seconde attira son attention. « Vos comptes en yen. Il suffit de demander. » Il lit le chapeau de l’article en diagonale.
— Monsieur le ministre, je…
— Vous avez foiré, Vande Gucht.
— Mon équipe suit ce…
— Votre équipe a sérieusement merdé, Vande Gucht.
— Je…
— Vous allez me régler ça sur-le-champ. Je ne sais pas ce qui se passe, mais vous allez me régler ça tout de suite. Que la presse s’empare d’une petite bévue bancaire de temps à autre, soit, ça tient la population occupée. Mais qu’un truc pareil puisse arriver, que la presse soit au courant et surtout qu’elle en parle de la sorte, ça dépasse l’entendement.
— Monsieur le ministre, je suis aussi surpris que vous de cette annonce. Mon équipe suivait depuis quelques semaines un groupe international de soi-disant hacktivistes qui menaçait de donner « un grand coup de pied dans le système bancaire corrompu » — ce sont leurs termes. Pourtant, une première analyse avait montré que leurs moyens étaient risibles et qu’ils ne constituaient absolument pas une menace.
— Le moins qu’on puisse dire, c’est que votre jugement n’a pas été des plus justes.
— J’en conviens, Monsieur le ministre. Admettez que vous n’auriez pu prendre au sérieux une bande de zigotos sans antécédents criminels prétendant faire basculer aléatoirement la devise de comptes bancaires de toutes les grosses banques en Europe.
— Je me fous d’admettre. Ils l’ont fait.
— Oui… Ça dépasse l’entendement.
— Je viens de le dire. Au lieu de me répéter, vous feriez mieux de faire votre boulot. Faites taire les voix qui s’élèvent, quel qu’en soit le prix. L’Économie, la Justice et l’Intérieur s’occupent des conséquences pour leurs domaines de compétences respectifs. On attend de nous que l’opinion publique reste sous contrôle. Avec des histoires pareilles, on risque gros. On a tous un bout de pain sacrément coriace sur la planche.
— Je m’en occupe immédiatement. Je vous tiens au courant de l’avancement du dossier en temps réel.
— Dernière chose, Vande Gucht.
— Oui, Monsieur le ministre.
— On vous paie grassement pour qu’il ne soit jamais trop tard. Jamais. Si ça l’est dans cette histoire, vous savez ce qui vous attend.
— Oui, Monsieur le ministre.
— À bientôt, Vande Gucht.
— À bientôt, Monsieur le ministre.
*
« La filiale néerlandaise de GDB Suons ferme ses portes à cause du taux d’échange désastreux du zloty. Suite en page 5. »
« Nouvelle victime de la crise “Euro Mic-Mac” : l’État letton. La plupart de leurs investissements étrangers dévalorisés. Les procès perdus contre les banques impliquées. Les “hackEURs” toujours dans la nature. Dossier spécial dans ce numéro. »
*
Le téléphone de service de Paul retentit. Le numéro de l’appelant était masqué. Son employeur. Et il n’avait pas avancé d’un pouce. Fichtre…
— Monsieur le ministre ?
— Paul Vande Gucht ?
— … Vous n’êtes pas…
— Non, je ne suis pas.
— Comment avez-vous eu ce numéro ?
— Il est dans ma liste rouge.
— Le principe d’une liste rouge est qu’elle n’est pas accessible.
— Ah ? Tiens…
— Qui êtes-vous ?
— Quelqu’un qui ne vous veut pas du bien, habituellement, vu nos occupations respectives. Les circonstances me poussent néanmoins à souhaiter collaborer. Il y va de notre survie mutuelle. De celle de tous les citoyens, honnêtes et moins honnêtes.
— Arrêtez votre bla-bla. Qu’est-ce que vous me voulez ?
— Je ne vous veux rien. Je voudrais juste vous mettre en garde. Pour que vous nous fassiez confiance. Pour que vous compreniez que les vilains ne sont pas ceux que vous pensez.
— Oui, c’est ça, comme toujours.
— Bien sûr, comme toujours. Vous êtes bien placé pour le savoir. Demain, vous apprendrez une mauvaise nouvelle.
— Vous en avez d’autres, des comme ça ? J’en apprends tous les jours, des mauvaises nouvelles. Mon boulot, c’est de gérer les mauvaises nouvelles.
— Gérer les mauvaises nouvelles, quel bel euphémisme.
— C’est ça votre mise en garde ? Merci bien, mon brave. Qui dois-je remercier ?
— Notre mise en garde est autre. Demain, la mauvaise nouvelle. Rien de surprenant pour vous, en effet. Rien de surprenant non plus qu’elle concerne l’Euro Mic-Mac. Nous voudrions vous demander de ne pas avaler les couleuvres que les lobbies bancaires vous serviront dans la foulée.
— Vous êtes sérieux ? Vous croyez que je vais gober les divagations d’un anonyme qui prétend me sauver d’un hypothétique piège qu’il pourrait tout aussi bien poser lui-même ?
— Je ne crois rien. Je l’espère. Nous l’espérons tous. Promettez-moi que vous lirez l’e-mail que je vous ai envoyé il y a trois minutes, que vous ouvrirez le rapport que j’y ai joint, que vous y accorderez l’attention et le crédit nécessaires, et que vous divulguerez l’information.
— Je ne promets rien du tout. Qui êtes-vous ? Vous n’avez toujours pas répondu.
— Mon nom ne vous dira rien. Je suis membre des hackEURs. Je suppose que vous l’aviez compris.
— Oui. Il n’y a que vous qui pouvez être aussi naïfs. Merci de votre appel et bonne journée.
— À vous aussi. Nous comptons sur vous.
— C’est ça, comptez sur moi.
Paul était énervé. Il avait horreur de ces donneurs de leçons, surtout les idéalistes. Il était quand même curieux. Que pouvait-il bien avoir envoyé, ce doux dingue ? Il s’assit à son bureau et consulta ses courriels. Celui du hackEUR était le dernier, facilement identifiable. Il avait été envoyé par un certain « bankrupt » et s’intitulait « Mémento interne International Banking Foundation — à mettre entre toutes les mains ». Paul hésita à supprimer immédiatement le message. Sa curiosité le poussa néanmoins à ouvrir la pièce jointe, un document de quelques dizaines de pages. La page de garde expliquait qu’il s’agissait d’un document hautement confidentiel à utiliser uniquement au sein de la Fondation bancaire internationale. La suite du document, Paul ne la lut que distraitement. Il savait qu’on le payait pour que ce type d’information ne circule pas ou, mieux, n’existe pas. Il n’en retiendrait que quelques bribes, jusqu’au moment du coucher. La fondation ne serait pas innocente dans l’Euro Mic-Mac. Le mémento évoquait une opération de grande envergure visant à extraire définitivement du contrôle des États et de leurs propriétaires une grosse part des fonds en dépôt. Un vol magistral à l’échelle planétaire. Paul admira les exemplaires formules xyloglottes. « Dispositif d’abstraction pécuniaire renforcé », « Réaffectation de propriété autojustifiée », « Glissement protecteur d’affectation ». Autant de manières de ne pas parler d’évasion, de vol, de boucs émissaires. Lire tout cela ne l’étonna guère. Il regretta simplement d’avoir perdu quelques minutes à s’encombrer le cerveau avec ces données inutilisables. Il déplaça le courriel vers la corbeille et passa à autre chose. Il était calme, maintenant.
*
Jonas Debruyl, porte-parole de Bellefouille : « Nous tenons à rassurer nos fidèles clients. Tous les dépôts seront vérifiés et consolidés. Personne ne doit craindre une perte de plus de 70 % de son capital initial. Les procédures internes seront également rigoureusement contrôlées pour les débarrasser de tout dysfonctionnement. Cela garantira une protection totale contre un hypothétique prochain contretemps bancaire. Encore merci pour votre confiance. »
*
— Chérie, t’as fait quoi encore avec le home banking ?
— Qu’est-ce que tu dis, mon poulet ?
— T’as fait quoi encore avec le home banking ? Ça déconne de nouveau !
— Encore ?
— Oui, encore. On dirait que c’est pire que la dernière fois. Mon compte courant a disparu. Je vois le tien, les comptes juniors des petits, notre compte à vue, notre compte épargne, l’épargne-pension, l’assurance vie, le compte titres, les bons d’État, le machin que je comprends toujours pas que nous a conseillé le fiscaliste, mais pas de trace de mon compte courant.
— T’as bien regardé ?
— Si j’ai bien regardé ? Tu me prends pour un manche ? Je ne perds pas un compte courant comme ça !
— Pardon, mon poulet. J’ai rien fait, tu sais ?
— C’est encore une combine de Bellefouille, je parie. Je te jure, ils vont m’entendre demain matin. Première heure, je les appelle. Ça va pas se passer comme ça.
— Calme-toi, mon poulet, ça doit encore être un problème informatique.
— J’espère ! J’espère surtout qu’ils vont gérer ça mieux que l’autre fois !
— Mais oui, mon poulet. Allez, viens, les petits nous attendent pour manger. Tu termineras tout à l’heure.
— J’arrive, chérie.
*
« Non, j’avais pas remarqué. Vous savez, j’ai tellement de comptes dans plusieurs banques que j’en oublie parfois l’un ou l’autre. Si c’est grave ? Faut pas en faire tout un foin, hein. Est-ce qu’elles se plaignent, les banques ? C’est elles les plus touchées, quand même. »
*
De : SPF (1) Culture et Opinion Publique — Administration
À : Paul Vande Gucht
Sujet : Votre lettre de démission
Monsieur,
Je suis chargé de vous faire part de la décision du SPF concernant votre démission. Celle-ci est catégoriquement refusée. M. le ministre lui-même a donné son avis — défavorable, vous vous en doutez — concernant votre dossier. Il m’a demandé de vous transmettre le message suivant — je ne fais que reporter ses termes : « Que cet incapable nous sorte de la merde dans laquelle il nous a plongés et on verra si je lui épargne un lynchage dans les règles de l’art. » Je pense qu’il est inutile d’ajouter quoi que ce soit aux propos de M. le ministre.
Dans l’attente de vous revoir, je vous prie d’agréer, Monsieur, très cher collègue, l’expression de mes sentiments les plus chaleureux.
Édouard Copernolle
SPF C & OP
Secrétariat Général
*
Communication clientèle PNB Parihaut :
« Nous prions nos clients dont l’un des comptes a :
— changé de devise (EUR vers devise étrangère),
— disparu de l’inventaire des comptes, ou
— une combinaison des deux scénarios mentionnés ci-dessus,
de bien vouloir nous excuser. Ces désagréments temporaires ont été causés par un événement indépendant de notre volonté. La situation normale sera rétablie dans les plus brefs délais.
Nous offrirons à chaque client concerné un bon d’achat d’une valeur de 5,00 € valable durant trente jours calendrier dans les enseignes partenaires (voir notre site Internet pour plus d’informations).
Merci de votre compréhension.
À bientôt dans votre agence PNB Parihaut. »
*
« “On veut notre argent !” C’est par ce slogan, simple, mais explicite, que les manifestants espéraient convaincre les autorités compétentes. Postés devant le siège de la Banque nationale de Belgique durant plus de quatre heures, ils ont envoyé une délégation négocier avec le gouverneur. Leurs revendications étaient également des plus simples : que les différentes banques impliquées dans l’Euro Mic-Mac garantissent à leurs clients un remboursement intégral des épargnes individuelles. Cela concerne 95 % des banques nationales et internationales implantées en Belgique. La BNB n’a pas répondu positivement à leur demande.
Définir les “autorités compétentes” n’est somme toute pas une question anodine. Si les manifestants d’aujourd’hui s’adressent à la BNB, d’autres demandes de réparation ont été faites auprès du SPF Finances, du SPF Économie, du syndicat central des banques, des fonds de pension publics… ou du roi. Aucune de ces tentatives n’a porté de fruits à ce jour. Les amateurs de théories du complot évoquent une institution fantôme, l’IBF, qui tirerait les ficelles d’une machination visant à laisser les conglomérats bancaires extraire des sommes colossales du système économique officiel. Quand on pense que près de cinq milliards d’euros, selon les dernières estimations de l’Union des consommateurs, ont disparu dans la nature, il est fort à parier — et à espérer — que l’État interviendra d’une manière ou d’une autre pour régler la situation.
Notre dossier complet en page 6. »
*
— C’est complètement fou !
— Je sais, patron.
— Ils prennent les gens pour des imbéciles ! Ce n’est pas en changeant de nom qu’on fait oublier un truc pareil à des millions de personnes !
— … Patron… On fait exactement la même chose.
— Ne compare pas la stratégie grotesque d’un conglomérat bancaire à nos missions de gestion de l’OP (2), s’il te plaît.
— Pardon, patron.
— Si certains volets de nos plans d’action peuvent s’apparenter de loin aux trucs de marketing de crise, ce n’est que parce que nous sommes appelés à gérer des crises en permanence, nous aussi. Tout le reste, l’idéologie, les fins, la cible et le commanditaire… tout le reste nous sépare.
— Oui, oui, patron, bien sûr.
— À propos d’idéologie, tu as pu obtenir le numéro que je t’avais demandé ?
— Oui. Ça n’a pas été facile, ils sont doués. On dirait qu’ils ont voulu que je les retrouve. Voilà. L’abonnement pour ce numéro est au nom d’un certain Aragorn Broadband, domicilié à La Haye. Il n’existe bien évidemment pas.
— Je l’appelle tout de suite.
Paul entendit une seule sonnerie, une voix immédiatement après.
— Broadband ?
— Bonjour, Paul Vande Gucht. On attendait votre appel plus tôt.
— Je veux qu’on se rencontre.
— Nous ne nous rencontrerons pas, vous le savez très bien.
— Je veux des réponses, alors.
— Vous avez eu toutes les réponses dans mon premier e-mail. Vous n’en avez rien fait.
— Reformulez, alors ; je n’ai sans doute pas bien compris.
— Vous avez très bien compris. Vous voulez que je vous dise autre chose. Je n’ai rien à ajouter. Si vous ne pouvez pas mettre à profit le réseau informationnel de votre belle unité, personne ne le pourra.
— Vous êtes des hackEURs, non ? Vous pouvez foutre le souk dans un système bancaire surprotégé. Vous pouvez bien soutirer quelques informations aux endroits propices.
— Vous n’avez vraiment rien compris ? Nous n’avons pas touché au système bancaire. Il est complètement inviolable, pour la simple et bonne raison que ses gestionnaires auront toujours infiniment plus de moyens que nous. Nous avons soutiré un rapport à un endroit propice, grâce à une distraction ; vous l’avez en votre possession. Nous ne pouvons par contre pas le diffuser par nos canaux habituels. Les équipes de sécurité de l’IBF sont sur leurs gardes et ne laissent rien passer qui ressemble de près ou de loin au document en question.
— Ah, oui, bien sûr, l’IBF et ses virtuoses informatiques.
— Je ne comprends décidément pas pourquoi vous avez appelé. Nous avions espéré que vous souhaiteriez nous aider après la lecture du document. Vous cherchez juste à ce que je vous rassure. Non, je ne vous conforterai pas dans vos illusions. Notre rôle dans l’Euro Mic-Mac se cantonne à en avoir fait circuler l’idée pour secouer l’opinion et les banques… et à porter le chapeau. L’IBF existe bel et bien. Nous sommes impuissants face à elle.
— Belle tirade. Bon. Vous ne semblez pas en mesure de m’aider. J’aurais dû m’en douter. Prenez garde à ce que vous faites. On ne sera pas cléments avec des trouble-fêtes inutiles.
— Adieu, Paul Vande Gucht.
Paul n’eut pas le temps de répondre. Il aurait voulu être en colère. Il se sentait simplement las. Ce Mic-Mac finirait par avoir sa peau. Si pas lui, le ministre.
— Ça va, patron ?
— Ça va, oui. Rien à en tirer. Vérifie toujours s’il n’y a pas quelqu’un ou quelque chose à son domicile qui puisse servir de levier.
— Bien, patron.
— Je vais briefer le nouveau rédac-chef de l’Escaut. Je reviens d’ici deux heures.
— Bon briefing. À tout à l’heure.
*
« Les chiffres de sans-abrisme crèvent les plafonds. La Belgique en quatrième position derrière le Mali, l’Irlande et la Chine. Un record que personne ne nous envie — à part les Maliens, les Irlandais et les Chinois. »
« Bellefouille finance vos projets. Grâce à nous, vos rêves deviennent réalité. Grâce à vous, Bellefouille reste la première banque nationale. Encore merci pour votre confiance. »
« Famille de 4 — h 43 ans, f 40 ans, jh 19 ans, jf 16 ans — cherche chambre à partager. Bien sous tous rapports. Compét. variées. Ouverts. Laisser mess. à BP 2433. »
« Vous préférez garder vos meubles pour vous ? Vous appréciez un moment d’intimité sans visiteur imprévu ? SecuFor, service de vigiles 24 heures/24, tient les indésirables à distance. Résultat garanti. Prix imbattables. »
*
*
— Chérie, t’as fait quoi avec le pull ?
— Qu’est-ce que tu dis, mon poulet ?
— T’as fait quoi avec le pull ! Je le trouve plus.
— Quel pull ?
— le pull. On n’en a plus qu’un, tu sais bien quand même.
— Ah oui, le pull. Il doit être en train de sécher, non ?
— On l’a pas lavé il y a un mois déjà ?
— Non, c’était un sous-pull de Bérénice.
— Ah oui, je me rappelle maintenant. Je l’ai mis dans ta housse pour remplacer l’oreiller qui a lâché.
— Ah, oui. Pourquoi tu le cherches ?
— Simon est intéressé. Il veut faire un cadeau à sa femme qui adore cette couleur. Je voudrais le troquer contre son gros pull en laine. On y gagne.
— Son gros pull gris ? Très bonne idée, mon poulet ! Tu feras ça après le repas, quand même ? On avait décidé qu’on mangeait, aujourd’hui.
— Qu’est-ce que tu nous as mijoté ?
— Il restait un peu de topinambours de la semaine passée. J’y ai ajouté du navet et du céleri-rave, et la fin de la saucisse sèche.
— Mmmh. Un vrai cordon-bleu, chérie. Allons manger, les enfants doivent nous attendre.
1 Service public fédéral, nom donné aux ministères fédéraux en Belgique après une 1426e réforme institutionnelle.
2 Acronyme souvent utilisé au sein du SPF Culture et Opinion Publique pour désigner une de leurs compétences.