Toutes les révolutions ont secoué le joug et l’oppression, sauf la toute dernière. Qui voit les jeunes gens adorables déambuler le long des avenues équipés d’oreilles technologiques.

Ces prothèses sont des éclats d’obus ; leurs saccades tirent au bazooka dans la tête.

Libre ?

Est-ce liberté de déambuler en autiste ?

Ce rythme qui agite le crâne est un produit multinational ; un vague ersatz jeté sur les plaies enflammées de napalm.

Coupe le fil des écouteurs, et jette au canal ces prothèses de plastique ; contemple les inondations de lumière dans les arbres rieurs, renifle les coccinelles aux prises avec la sève, goûte le vent au creux de tes lèvres, et embrasse, ris, renverse la mort dans ta tête ; cesse d’obéir aux soubresauts des cœurs électroniques.

Quitte le fracas télécommandé.

Laisse la tempête t’inonder de l’écume du matin ; fais-toi brûler par le soleil fauve ; apaise tes secousses au désert.

Tu vivras seul, au bord du puits, et tes oreilles redeviendront des yeux. L’aube coupera les amarres électriques, le voyage ouvrira ta barque aux zébrures merveilleuses.

Tu creuseras la houle, tu marcheras sur l’eau, et les sillons s’élargiront sous tes pas de trimardeur.

Au lieu de branler la tête, tu écouteras la parole de l’alouette dans la surprise de midi.

Et tu souriras, les cheveux baignés de vent clair.

Tu fouleras les brindilles ; ton regard franchira les combes et les ressacs.

Tu reviendras à la cabane de rondins, avec le feu au ventre et le désir de l’aurore.

Tu crieras des poèmes sous l’orage ; tu goûteras le sang des fraises.

L’adolescent formidable t’emmènera sur les sentiers bordés de myrtilles et de cailloux blancs.

Vous échangerez des rires de vainqueurs.

Dans le creux de l’oreille, l’ami te glissera les mots épileptiques.

Baladeur, iPod, MP3.

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