à la mémoire des forêts incendiées,
La poudre aux yeux
les excès tapageurs
mènent et exacerbent le monde
sèment en de malades cerveaux
d’incendiaires graines
pour récolter stérilité
dévastation
La terre porte le deuil
sous son crêpe de suie
Recroquevillée autour des racines rongées
elle espère encore au fond d’elle
quelques germes veillant à l’avenir
Elle pleure ses arbres
peint dans leur présent désert
un flamboyant automne
les frondaisons gorgées du soleil de l’été
puis dessine les épures des branches
sur un ciel blanc d’hiver
Appelé par les fertiles souvenirs
l’esprit de la forêt
apparaît à la terre
sous la forme d’une verte lueur
Ce feu a dépassé ses limites,
lui dit-il
Sa démesure t’a ravagée
Avant ce désastre
il éveillait tendrement
des champs de fleurs ardentes
Allumé à ton cœur
son cœur irradiait d’orange pétales
Pour que demeure la matière
la forme ne peut que lentement se perdre
À part ton esprit
quelle matière subsiste
après ces maux sans ruines ?
La patience !
La forêt a poussé et repoussera
patiemment,
ma lente et sûre terre !
Te voici moins prostrée
prête à recevoir la visite
d’un esprit frère : l’esprit du feu
Il déplore la confusion
entre flamme spirituelle
et flamme destructrice
Ma lueur maintenant va tenter d’apparaître
à ces pyromanes qui se prirent pour Feu
J’attendrai que retombe leur maladif triomphe
Alors ils verront la terre martyrisée
et commencera l’enfer de leur remords
Ce n’est qu’en lui rendant la vie
qu’ils seront apaisés
la reboisant
à genoux
sur leur nouvelle humilité