Que ne puis-je enfermer
dans le jour où je
marche
Les foudres inoubliables
de ton approche
La douceur
d’une main amoureuse qui
cherche
Et ce déploiement
d’alcool bu d’un seul coup
Alors viens ne permets pas
que je m’arrange du besoin
de me défaire de toi
Au besoin
à la force qui te veut
vide
Se mesure la grandeur
de ce qui vient
À cet accroissement
de l’être absent
qu’il faut emplir de soi
Pour n’être
que de l’être en péril
De l’incertain
en qui l’incertitude voit
Son enfant le plus fort
sa douceur Que le poème
de loin la plus redoutable soit un chagrin d’enfant
les déesses du souffle le savent
Qui se dégrafent
pour donner le sein d’un nuage
ou l’écume d’une vague
Puis se retirent
pour nous laisser d’une haleine
de buffle
Brouter les réserves de l’être
où les images dorment bercées
par d’indolents chaos
Le ciel
et les litières du soleil
La nuit
aux palanquins de lune
Regarde-les en intrus
en otages laissés
par l’empire du dehors
Et quand tu sièges
dans l’espace sans décor
de ton âme
Vénère la forme
craignant qu’on la dénude
en fille qu’on achète Qu’on en parle
et les femmes en diront
Et le son caresse-le c’est une herbe pour avorter
en amant et enfanter
que tu destines à d’autres
Qu’on en parle
et les hommes en diront
c’est un poison qui rend sage
et qui rend fou
Qu’on en parle
et les enfants en diront
c’est un insecte dans une boîte
ou bien un papillon
Qu’on en parle dit simplement
le poème
Qu’ils s’exercent en athlètes
Ces rêves
dont l’onguent lumineux du
jour
A fait des corps admirables
Qu’ils lancent leurs javelots
sans autre cible
que la course harmonieuse
de leur chute
Et de rentrer dans l’ombre
comme un sexe
dont la force fut tendre
(extraits de L’horloge de Linné, recueil à paraître)