L’horloge de Linné

Werner Lambersy,

Que ne puis-je enfermer

dans le jour où je

marche

 

Les foudres inoubliables

de ton approche

 

La douceur

d’une main amoureuse qui

cherche

 

Et ce déploiement

d’alcool bu d’un seul coup

 

Alors viens ne permets pas

que je m’arrange du besoin

de me défaire de toi

 

Au besoin

à la force qui te veut

vide

 

Se mesure la grandeur

de ce qui vient

 

À cet accroissement

de l’être absent

qu’il faut emplir de soi

 

Pour n’être

que de l’être en péril

 

De l’incertain

en qui l’incertitude voit

 

Son enfant le plus fort

sa douceur                                 Que le poème

de loin la plus redoutable       soit un chagrin d’enfant

les déesses du souffle le savent

 

Qui se dégrafent

pour donner le sein d’un nuage

ou l’écume d’une vague

 

Puis se retirent

pour nous laisser d’une haleine

de buffle

 

Brouter les réserves de l’être

où les images dorment bercées

par d’indolents chaos

 

Le ciel

et les litières du soleil

 

La nuit

aux palanquins de lune

 

Regarde-les en intrus

en otages laissés

par l’empire du dehors

 

Et quand tu sièges

dans l’espace sans décor

de ton âme

 

Vénère la forme

craignant qu’on la dénude

en fille qu’on achète                          Qu’on en parle

et les femmes en diront

Et le son caresse-le c’est une herbe pour avorter

en amant                                   et enfanter

que tu destines à d’autres

 

Qu’on en parle

et les hommes en diront

c’est un poison qui rend sage

et qui rend fou

 

Qu’on en parle

et les enfants en diront

c’est un insecte dans une boîte

ou bien un papillon

 

Qu’on en parle dit simplement

le poème

 

Qu’ils s’exercent en athlètes

 

Ces rêves

dont l’onguent lumineux du

jour

 

A fait des corps admirables

 

Qu’ils lancent leurs javelots

sans autre cible

que la course harmonieuse

de leur chute

 

Et de rentrer dans l’ombre

comme un sexe

dont la force fut tendre

 

(extraits de L’horloge de Linné, recueil à paraître)

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