Multiple et chamarrée, mon âme

Monique Thomassettie,

Tout le monde a une âme, les jeunes comme les vieux. Je suis jeune, et j’aime les couleurs. Comme celles d’Ensor, je peux exploser. Mais, comme le peintre, je cache une larme.

Dans mes rêves, elle devient rivière, sillonne mon morcellement, relie les parts. Elle prend sa source dans les forêts, rejoint la mer, puis s’envole, survole ma division, ma maladie, ce désarroi qu’ils tentent de soigner sans bien le comprendre. Dépassés, sont-ils. Leur vacillement ajoute au mien.

Je leur dis : Trouvez mon âme, et vous serez guéris. Perplexes, ils se regardent.

Pour patienter, je chante :

 

C’est un bus, c’est un tram,

bondés le samedi soir.

On y danserait

tant l’air est à la fête.

« On n’est plus chez nous »,

a maugréé l’un.

« Moi je me sens bien »,

a pensé l’une.

Dites-le lui, madame,

que vous aimez l’ambiance,

et que d’autres couleurs

aussi vous réjouissent.

Dansons mille pays

et un cœur.

C’est le mille et unième

qui réconciliera,

calmera nos esprits.

Après quelques pluies belges,

le cosmique soleil

sur les toits tendra

les ponts de l’arc-en-ciel.

 

Pour patienter, je feuillette encore des livres de peinture.

Chez Breughel, un Mage apporte un bateau ciselé.

Aux gens du voyage, Magritte élève sa coupe de nuages, par-dessus l’énigmatique « Mal du Pays ». Pays de Poésie ?

De Delvaux, la gare pensive sait que l’ici est ailleurs et que l’ailleurs est ici.

Les quatre images me touchent.

 

L’Art guérit.

 

 

Ce pays

Partager