aux tendres,
empathiques et douloureux
portraits par James Ensor
de son père
Notre Dame de Bruxelles et d’ailleurs
reçoit d’Ensor le Christ
chevauchant l’âne poète
qui « réfléchit toujours » *
Portant l’amour du monde
ce poète à tous les temps
sous son bonnet conjugue
des verbes faits chair
Si je dis nous
mon discours malgré moi
reste non éprouvé
Ma propre réalité
souvent trouve et rejoint
des pluriels ignorés
Ainsi pense un poète
solitaire et au « cœur ulcéré » *
Mais le poète va
Aux chemins des carrefours
il ajoute celui
vertical s’élevant
du milieu tel un orgue
fugue qui sans la fuir
doit quitter cette terre
pour retrouver l’Espace
le « ciel bleu » *
foncé ou clair
Aussi le chemin
descend en elle
« dans l’ombre » * lumineuse
vers les états de grâce
où le poète sait
Puis de la terre il en sort
radouci et plus fort
avec sur le dos
un nouveau poids d’humus
aux germinations inquiètes :
la fête
fleurira-t-elle pour tous ?
Mais l’âne portait Jésus
Jésus portait la croix
et « le chemin en fleurs » *
les portait au milieu de la foule
Donc à Bruxelles ils entrent
Enfin s’arrêtent sur la place
qui rayonne ses multiples branches
Étoile descendue
Miracle :
Le Christ est nouveau-né
réchauffé sous l’haleine de l’âne
la laine de Notre Dame
tandis que James et Jammes
offrent l’or
de leur art
* Francis Jammes