aux ailes renaissantes,
2
000
Les trois 0 de l’année
portent le tricycle
zigzaguant
car les p’tits bateaux sont ivres, maman
ont enroulé leurs jambes
Les miennes de deux ans
pédalent et fuient les nivellements
vers les vagues d’ivresse
« Allée avec le soleil »
la mer enfante
l’air libre
le chant
0 ! 0 !
0 !
Vois :
sur une pointe
la forme du premier chant
Elle est toupie Le second sur l’eau est reflet
élargi car la mer est large d’idées de pensée de cœur
*
Le soleil ouvre les yeux de l’onde
qui se lève se pare de ses eaux les plus bleues
À toute volée leur parvient un écho
de grelots d’une fête galante
Cythère
et trois 0 de raisin
pour 2 verres de vin
*
Sur terre
un poète a fui
l’automobile autisme
ces boîtes où l’on se conserve
et d’autres métalliques tours
aux bas et haut fermés
Avec vents et embruns
désormais il converse
Converser !
Retrouver quelqu’un et un lieu
Au départ le verbe,
m’apprend Le Petit copain Robert,
signifiait « vivre quelque part »
« avec quelqu’un »
en éternité mesurément ivre
Mesure des paroles
fine fleur amoureuse
ordonnant la passion
en musicales partitions
où s’éclatent rondes et croches
Ce chant-ci dessine une enfant
aux bras ouverts
*
Sur terre
« Le Bateau ivre » [1] a quitté
les anonymes ivresses
L’océan toujours baptise
sous des langues de feu
Voici marchant sur l’eau
l’enfant mystérieuse :
Poésie « Création »
« Elle est retrouvée
Quoi ? – » L’Enfance innée
Don à reconquérir
à la force du Temps
(Force que jamais
n’aura le clonage)
Refaire aux mots une virginité
sans perdre leur mémoire sans leur ôter l’impact
charnel « Le verbe s’est fait chair »
dans la « virginité »
Sens profond de l’image ? Esprit
Le verbe est souffle qui féconde et anime
le multiple « sang bleu » [2] des poètes
les faisant tournoyer et danser
sur de nomades voies
Parfois ils se reposent les mots
comme on le dit des jambes
tant les mots sont en eux incarnés
Repos dans la forêt de Poésie
qui pour eux point n’est cachée
par la lettre d’un arbre de Science
Mais les pépins du fruit réengendrent la fleur
Ce chant-ci couronné accueille l’enfant mythique
L’air est à la joie Sur les rives d’alentour
des animaux rêvent d’ailes gardiennes
L’évolution demeure permanent retour
Des humains l’espèrent ou la programment
tandis que la Pensée aux plumes flamboyantes
tel un oiseau de feu dont le nid est soleil renaît
en notes ardentes Trilles aériens semant à tout vent
l’active méditation d’un verbe d’espace
accordé au rythme de la mer
et la fécondant
extasiée
! 00 !
0
Trois 0 de raisin pour 2 verres de vin
multipliés fêtent le
baptême de
l’espèce
« anges »
Car oui
je le redis
le millénaire ailé
marchera sur les eaux
si sur terre nous dansons
de nos pieds nus la pétrissons
en tendres et fermes caresses
Si coude à coude chantons
serrés non étouffés :
l’air est si vaste !
De ce chant
l’amphore
aux anses
invisibles
contient le génie d’un envol
C’est un oiseau au bec en V Son nom est de Magritte :
« Retour »
Le jour son nid est ville La nuit il est forêt qui renaît
et complète celle où les citadins courent marchent
éveillés À l’heure du rêve dans la ville revient
le bois originel Jadis enraciné au lieu des
fondations l’arbre au cœur de chaque
demeure palpite comme chez
René encore – contenu et
contenant inversés –
brille l’intérieur
d’une maison
au cœur
doré
de
l’arbre
V
La ville au sein de la forêt La forêt au sein de la ville
Y niche aussi « L’Oiseau bleu » [3] recherché qui
sans fin nous conduit tel Ulysse dans les mondes
Rencontrés les hommes les anges les dieux
ne nous quittent plus et poursuivent
l’odyssée d’un Verbe
inlassable
en nous
retrouvé
Formes des poèmes : la toupie et son reflet ; l’enfant et l’adulte accueillant ; l’amphore et le bouquet ; l’oiseau et la coupe
[1] Rimbaud
[2] Cocteau
[3] Maeterlinck