Retour à l’âne

Monique Thomassettie,

Quelle cour aujourd’hui

me verrait jouer ?

Crierait : Haro !

sur ma langue affûtée ?

Sur mes mots qui bousculent

de leur juste portée

une herbe lâche ?

 

Ces brins béni-oui-oui

diablement ont besoin

d’être secoués

 

Mes oreilles

ne sont point d’un bonnet,

dirais-je à ceux

qui me croient cancre

Plus que d’autres

mes longues oreilles

sont antennes

captant l’air du temps

 

Ce ne sont pas celles

minuscules de l’ours

qui en feraient autant

 

La peste que l’air de ce temps

stigmatise

est compliquée

 

Elle est un nid

d’arrière-pensées,

de bonnes et de mauvaises

intentions,

d’intérêt – dans plusieurs sens du terme –

et de cette courtisanerie

encore et toujours

révoltante

 

Je me révolte

sans aveugle colère

Jusqu’à mes larmes

je pèse

N. B. Mon texte compense la fable de La Fontaine en donnant au baudet une autre parole. L’ours y résume d’autres animaux puissants qui écrasent l’âne de leur pouvoir.

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