À Bérengère Deprez et René Zayan

Sapienbourg, 3 Nuée de l’an 1968 de l’ère Prodigieuse

Très cher Johann,

Je suis ravi d’apprendre que tu as pu rentrer chez toi sain et sauf après les rixes ignobles auxquelles nous avons été mêlés, à notre corps défendant (dans tous les sens des termes), l’autre soir. Où vont notre belle ville et notre antique institution ? Quand nous sommes arrivés à Sapienbourg, toi et moi, dans le fol espoir de nourrir notre pauvre esprit de tous les savoirs de la terre prodigués par la vénérable Maison Suprême du Savoir et ses honorables Pasteurs de la Science, nous doutions-nous que nous serions pris dans cette tourmente absurde ? Nous étions amis depuis notre plus tendre enfance ; nos différences ne nous étaient jamais apparues comme des obstacles à cette amitié, et même nous n’y pensions jamais. Que tu aies les cheveux et les yeux clairs, que les miens fussent sombres était, au mieux, un détail amusant qui traduisait nos caractères respectifs. Et voilà qu’arrivés ici pour devenir intelligents, on tente de nous apprendre que ces signes anodins révéleraient des divergences profondes nous interdisant de vivre et d’apprendre ensemble…

Au départ, nous n’avions pas pris garde à ces propos que ne tenaient que quelques étudiants revêches. Nous mettions leur agressivité sur le compte de leur incapacité à suivre le dur apprentissage dispensé en ces murs glorieux. Sans doute était-ce vrai ; mais nous doutions-nous qu’ils mettraient dans cette œuvre néfaste plus de volonté que dans leur cursus ?

Je me souviens de ce jour — nous étions engagés dans notre troisième année — où l’un d’eux est venu te prendre à part et a tenté de te convaincre de l’incongruité qu’il y avait à me fréquenter. Les Clairs devaient fuir les Sombres, avant de réussir à les chasser à jamais. Tu lui avais ri au nez, et il t’avait menacé, traité de traître. J’avais voulu le rosser, mais tu m’en avais empêché. Terrible ferment, effroyable poison… Et quelle ne fut pas notre stupeur lorsque nous avons constaté que ce mouvement, loin d’être le fait de quelques étudiants médiocres, était, en fait, orchestré par certains des principaux Pasteurs, qui occupaient dans la Maison Suprême des charges importantes ? Et qu’ils étaient appuyés et encouragés dans leur tâche destructrice, si contraire à leur mission sacrée, par les Potentats de la ville et de la Marche ?

Nous avons alors tenté, aidés par quelques étudiants et de trop rares Pasteurs, d’endiguer ce mouvement suicidaire, en rassemblant des Sombres et des Clairs pour qui le partage des différences était une richesse, non une menace. Les troubles se sont intensifiés, notre position est devenue de plus en plus fragile ; jusqu’à cette dernière échauffourée, où nous avons bien failli, toi et moi, laisser plus que quelques plumes de jeune coq. Le Pasteur Fronk en est sorti en piteux état, et l’on craint pour sa vie. J’ai appris ce matin que la Magnipasteur et le Maxipotent se sont mollement élevés contre ces « incidents » ; mais personne n’est dupe, ils sont du côté des Clairs.

Le sort semble en être jeté, et j’ignore si nous aurons encore l’occasion de nous revoir, cher Johann. Dans la rue, des foules en rage et en folie défilent en hurlant « Que sombrent les Sombres ! » On veut que nous partions. Nous avons appris, à cause de la haine des tiens — j’ai honte de t’inclure dans cette masse infecte, je sais que tous les Clairs ne sont pas semblables à ces imbéciles meurtriers qui noient leur petitesse dans des rêves de grandeur solitaire —, à nous réunir, à faire front. Je crois savoir que nous allons quitter Sapienbourg pour bâtir une nouvelle ville, une nouvelle Maison Suprême. Sans vous. La perspective ne me réjouit pas. Mais peut-être viendra un jour où nous pourrons nous revoir et, qui sait, nous réunir.

Dans l’attente, gardons, cher Johann, ce lien fragile du papier et de l’encre. Nous ferons nos voies, mais nous ne nous quitterons jamais entièrement.

Que le Mégatoc te réchauffe toujours en Son Gras Giron,

bien affectueusement,

Thomasso

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Sapienbourg, 15 Torride de l’an 1972 de l’ère Prodigieuse

Cher Thomasso,

Sapienbourg est vide, Sapienbourg est triste… Je puis te le dire, mais il serait imprudent de m’en ouvrir publiquement. Les miens triomphent et paradent dans les rues désertes. Ils sont fiers de se retrouver seuls et prennent pour une victoire d’avoir perdu la moitié des forces vives de notre ville et de notre vénérable institution. J’ai achevé mes études, comme toi, le mois dernier, mais mes prises de position passées ne me vaudront, au mieux, qu’un poste subalterne dans quelque bibliothèque perdue, spécialisée dans un domaine tellement pointu que personne ne sait encore en quoi il consiste. Et ils ne me garderont que parce qu’ils ont aujourd’hui besoin de tous ceux qui restent.

J’ai appris, par tes lettres et par les Informateurs, que les Sombres ont trouvé, loin d’ici, une terre propice où ils ont entrepris d’ériger une ville nouvelle et une Maison Suprême ; une frontière épaisse et rigide s’est érigée entre nos deux régions il y a si peu rassemblées en une seule ; j’ignore s’il me sera donné de pouvoir venir visiter cet endroit où, j’en suis sûr, tu poursuivras la carrière que tu méritais plus que moi. Nous devons rebâtir sur ce qui n’a pas été détruit.

Tes lettres risquent d’être mon seul espoir et mon seul salut dans ces terres qui me semblent, sans jeu de mots, bien sombres depuis votre départ.

Que le Toupotenchose te chauffe de Ses Gracieux Fluides,

ton Johann qui te reste, amicalement, attaché

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Trou Perdu, 23 Torride de l’an 1972

Très cher Johann,

Détrompe-toi, l’endroit d’où je t’écris porte un autre nom, ou du moins en portera-t-il bientôt un ; celui que j’ai choisi traduit l’impression qui se dégage du lieu. Imagine une vaste plaine, débutant cinquante Pieds Divins plus loin, et se terminant en un cul-de-sac bordé de collines insignifiantes sur lesquelles viennent s’échouer tous les vents récoltés à la ronde ; des champs que les paysans locaux subissaient comme une malédiction et dont ils se sont défaits avec une joie inespérée lorsque nos Pasteurs et nos Potentats sont venus leur proposer de les racheter pour ériger notre nouvelle ville…

Sapienbourg-le-Neuf sort de terre… Nos meilleurs architectes ont bataillé longuement, et les Potentats ont finalement choisi de bâtir une ville aux rues étroites, aux places cachées, le tout monté sur d’énormes pilotis pour donner une élévation symbolisant, espère-t-on, celle à laquelle les esprits s’adonneront dès que les bâtiments seront en mesure d’accueillir Pasteurs et brebis…

En attendant, j’ai achevé, comme mes semblables, mon apprentissage dans des baraquements de fortune. Nous nous remettons de cette ignominie en nous convainquant que nous serons, ici, plus libres. Je n’en suis pas tout à fait sûr, mais c’est une tâche à laquelle il me presse de m’atteler. Le bon Pasteur Joff semble m’apprécier et m’a déjà engagé à poursuivre mes études. Il me propose de travailler avec lui. Nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés pour relever ce défi et bâtir cette nouvelle ville…

Hélas, nous n’avons pu laisser toute la médiocrité en chemin. Des querelles ont déjà eu lieu, entre nous, pour savoir s’il convenait d’appeler cette ville Sapienbourg-le-Neuf ou Sapienbourg-la-Neuve. Les arguments les plus doctes se sont affrontés dans la plus complète futilité. Finalement, le Maxipotent a tranché ; le souci de marquer sa puissance recouvrée a dû guider le choix du masculin. J’ai appris que vous n’étiez pas en reste, dans ces arguties, puisque vous avez rebaptisé l’antique cité Wessenburg.

Wessenburg, Sapienbourg-le-Neuf… Puissions-nous, tous, vivre heureux, dans le savoir partagé. Et, qui sait, un jour nous réconcilier.

Que le Gromachin t’amplifie dans sa Véloce Outrance,

Thomasso, le sombre clerc

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Wessenburg, 23 Pluie de l’an 1977

Très cher Thomasso,

Me voilà sans nouvelles de toi depuis longtemps. J’apprends, de sources diverses et parfois peu sûres, que Sapienbourg-le-Neuf est sorti de terre — bien pauvre, à en croire ce que tu m’en disais — et que les étudiants affluent en grand nombre pour y suivre les cours des Pasteurs sombres en vos nouveaux bâtiments que l’on dit, chez nous, hideux, et que je devine aussi resplendissants que possible.

Pour ma part, mes tristes prévisions se sont réalisées au-delà de mes désespérances. Je suis préposé au prêt d’une bibliothèque méconnue de tous, Pasteurs et étudiants, spécialisée dans l’architecture de l’Ère Antérieure, dont les vestiges sont moins nombreux que les ouvrages qu’on leur a consacrés, mais dont les spécialistes ne se comptent que sur une main de bas-relief endommagé. Et — hélas ! — cela se comprend : notre région, rebaptisée elle aussi, était à peine une friche durant cette période. La Marche dans laquelle vous vous êtes installés, par contre, fut prospère alors, plus qu’elle ne l’était lorsque vous êtes arrivés. Mais je prie le Vastebidule qu’elle retrouve sa force et sa puissance grâce à votre Maison du Savoir restaurée.

Le nombre de nos étudiants, qui avait baissé de moitié lors de l’infâme scission (je la nomme ainsi, mais nos Potentats et nos Pasteurs idiots ont nommé cet événement funeste : le Jour de la Liberté Recouvrée), n’a guère évolué depuis. Malgré des efforts prodigieux, nos autorités n’ont pas su convaincre le peuple d’envoyer un maximum de ses fils et ses filles dans notre vieille institution. Les plus riches et les plus pragmatiques les envoient dans de lointaines contrées, où les Maisons de Savoir sont réputées, surtout dans les matières du commerce et de la science. Il nous reste les dissertations et les spéculations de l’esprit…

Je suis fou, sans doute, de t’écrire tout ceci. Mais je n’ai rien à perdre, sinon la confiance que j’ai en toi et qui n’est pas, je l’espère, menacée.

Que le Puissant Bidouilleur te postillonne sa Glorieuse Écume,

Johann, du fond de sa bibliothèque

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Sapienbourg-le-Neuf, 2 Tempête 1977

Très cher Johann,

Mille excuses, mon ami, de t’avoir quelque peu négligé ces derniers mois. La tâche, ici, est énorme, mais j’aurais dû t’écrire plus souvent.

Comme tu le sais, Sapienbourg-le-Neuf est sorti de terre. Le résultat me plaît ; on y retrouve de l’esprit de cette Ère Antérieure dont tu t’occupes. Les rues sont bordées de maisons et d’établissements où les étudiants, tout comme les Pasteurs, peuvent à loisir dormir, vivre, manger et boire, sans oublier l’étude et l’amour qui composent une part importante de notre existence. Les places, qui ne sont pas encore très nombreuses puisque la réalisation de la ville n’en est qu’à sa phase initiale, auront pour particularité — que tu reconnaîtras tout de suite pour être, elle aussi, inspirée de l’Ère Antérieure — de ne se découvrir que lorsque le piéton y pénètre.

Je t’avais dit que l’ensemble serait construit sur pilotis. C’est vrai surtout pour le centre, qui se tissera entre deux collines. Autant te dire que les vents, nombreux dans la région et plus encore en cette saison, s’en donnent à cœur joie. Mais il en est qui finiront par dire que c’est là un des charmes de l’endroit…

Pour l’heure, je dois être franc et admettre que Sapienbourg-le-Neuf souffre de son inachèvement — temporaire, par définition — et, plus encore, d’une artificialité due à sa population. Que dirait-on d’une ville où ne vivraient que des jeunes gens et quelques Pasteurs ? Il n’y a ici ni enfants ni vieillards. Je me faisais dernièrement cette réflexion que nous ne disposons même pas de cimetière… Quand un accident survient — car la nouveauté du lieu ne nous a pas affranchis des lois de la vie et de ses ratés —, le corps est emmené jusqu’à son lieu natal ou de résidence principale. Les gens ne vivent pas ici, ils passent… À commencer par les Pasteurs, qui sont rares à avoir élu domicile en ces murs. Je suis de ceux-là, pourtant, et je me prends à aimer cette cité curieuse, et le pari fou qui soutient ses murs plus encore que le ciment. J’ai élu domicile dans un attique confortable, d’où je domine les bâtiments déjà construits et les chantiers de ceux qui montent vers le ciel. Je vis seul, si cela t’intéresse ; je consacre mes journées à la recherche dont m’a chargé le vénérable Pasteur Joff. À quoi s’ajoutent les tâches administratives et pédagogiques que chacun, ici, accepte avec bonne volonté. Contrairement à ce qui se passe chez vous, les étudiants arrivent chaque année plus nombreux, et pas seulement de la région. Nous accueillons des étrangers, qui viennent parfois de fort loin. Personne de chez vous, malheureusement, mais c’est normal – et absurde à la fois. Vous payez le prix de votre arrogance, et j’aurais tellement préféré ne jamais en arriver là…

Quoi qu’il en soit, ma modeste demeure t’est ouverte. Quelles que soient les difficultés à surmonter pour quitter Wessenburg, tu n’en rencontreras pas pour entrer à Sapienbourg-le-Neuf. Dans quelques mois, je serai nommé Acolyte Pasteur. Nos Potentats et notre Magnipasteur ont prévu une nouvelle Initiation pour permettre aux jeunes comme moi de devenir un jour, si le Jessaitout y consent, Pasteur parmi les Pasteurs. Il nous faut être humbles, avant tout, car notre ignorance est vaste comme les plaines qui nous voisinent. À chacune des rares paroles que me dispense le Pasteur Joff ou quelque de ses éminents Amis du Savoir, je rougis de ma bêtise et je remercie la Voûte de m’accorder cet insigne privilège de pouvoir côtoyer tant de sagesse et de science réunies. Je doute, en ces instants, de jamais arriver à leur infini niveau. Mais je trouve dans cette ville qui grandit la force de persévérer en cette noble tâche.

Je ne t’oublie pas, cher Johann. Que l’écrit nous réunisse, avant que la vie nous permette de nous serrer dans les bras l’un de l’autre. Et que le Lard Généreux t’engraisse de ses Adiposités Flasques,

Thomasso, sur les chemins du savoir

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Wessenburg, 43 Brouillard 1984

Mon très cher Thomasso,

Merci mille fois, mon ami, de cette correspondance fidèle et d’autant plus précieuse que je devine, par celle-là même, combien ton temps est précieux. Plus de dix ans… cela fait plus de dix ans que nous ne nous voyons plus, si j’ose dire, que par lettres. Dix années durant lesquelles tu as bâti une magnifique carrière, et durant lesquelles j’ai végété dans les recoins sombres et malodorants de ma bibliothèque méconnue. Mais j’aurais tort de me plaindre ; je vis tranquille, je mange et je bois, mon logis est presque confortable. D’autres, qui avaient aussi milité pour le maintien des Sombres parmi nous, sont en prison, à cette heure, à moins qu’ils n’aient été supprimés. Les Potentats sont devenus de plus en plus agressifs au fur et à mesure que la renommée de notre nouvelle Marche déclinait. Plutôt que d’admettre leur erreur, ils s’y enfoncent… et en tirent de la gloire. Car — va-t’en comprendre quelque chose au commerce et à ses lois absurdes —, là où la culture a régressé, les affaires ont fleuri. Wessenburg refait fortune et ne se soucie pas plus de sa Maison du Savoir qu’un commerçant prospère de sa vitrine. On la nettoie, certes, on la soigne, mais jamais en profondeur… Et autant dire que personne, jamais, ne se soucie de moi. Tant mieux.

Pour ta part, j’ai appris avec une joie presque orgueilleuse ta nomination au glorieux titre de Pasteur. L’Initiation mise en place par votre Maxipotent me semble la plus sage des mesures, bien que dans ton cas, toutes ces épreuves me paraissent inutiles. Il me revient que Sapienbourg-le-Neuf est devenue une cité resplendissante, ce que tu me confirmes à mi-mots. Ah ! Que le Gigalarge Lumineux condescende à m’ouvrir l’accès à ces terres avant de me siffler pour que, tel le chien fidèle, j’accoure à ses pieds !

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Sapienbourg-le-Neuf, 7 Brume 1983

Johann, mon cher Johann,

Toi aussi, sois remercié de ton amitié et de tes lettres, et de ta bonne humeur malgré l’infamie du sort qui est le tien ! Comment les Pasteurs et Potentats de Wessenburg ont-ils pu s’abrutir à ce point pour ne pas reconnaître en toi un de ces esprits dont une Maison du Savoir ne peut en aucun cas se passer ? Sois sûr que, si j’en ai un jour le pouvoir, je te ferai venir chez nous et t’y offrirai la place que tu mérites.

Tu me félicites pour ma nomination, et je t’en sais gré. Ce fut, effectivement, fort rude ; la construction d’une nouvelle ville a beaucoup exigé de chacun, et je suis fier d’avoir servi, à la hauteur de mes faibles moyens, à cette tâche merveilleuse. Car maintenant, Sapienbourg-le-Neuf vit ! Tous les bâtiments prévus, ou peu s’en faut, sont érigés et les étudiants affluent. Bien sûr, les défauts que je mentionnais, il y a quelques années, ne sont pas tous corrigés ; les habitants appartiennent toujours à cette classe d’âge et de société privilégiée, et quelques voix s’élèvent pour reprocher le manque de formation que nous offrons à nos étudiants pour affronter le monde tel qu’il est. Mais est-ce bien là notre tâche ? Le savoir n’a pas à souffrir des contingences, comme se plaît à le rappeler l’Auguste Pasteur Joff — qui a reçu ce nouveau titre honorifique, avec quelques collègues, à l’occasion d’une fastueuse cérémonie en présence des Maxipotents de la Marche et du Magnipasteur. On parle de lui, d’ailleurs, pour remplacer le Magnipasteur, qui se retirera pour sa sereine béatitude l’an prochain.

Pour ce qui est des études, nous sommes en période de Complaisante Restitution ; quelle joie de voir nos brebis venir, dociles et heureuses, confirmer qu’elles ont scrupuleusement emmagasiné les maximes et les paroles pleines de sagesse de leurs magnanimes Pasteurs… Elles mettent un zèle touchant à répéter, au mot près, ce qu’elles ont entendu, et je me félicite de cette méthode grâce à laquelle de plus jeunes seront en mesure, dans quelques années et pour peu qu’ils franchissent les épreuves du savoir, d’assumer la relève et de perpétuer la Tradition de la Science qui est telle qu’elle doit demeurer pour les ères à venir.

Nos étudiants sont vraiment merveilleux ! Ils écoutent en silence les paroles précieuses que nous leur offrons avec chaleur et bonne volonté. Ils travaillent beaucoup et nos bibliothèques, contrairement à la tienne mon pauvre Johann, ne désemplissent pas. Je regrette d’ailleurs vivement qu’un fonds aussi précieux que celui dont tu as la garde ne serve à rien ni personne, alors qu’ici, nous manquons encore d’ouvrages sur cette remarquable question. Puissions-nous un jour… Mais ce temps béni auquel nous aspirons, toi et moi, depuis le début, semble s’éloigner sans cesse. Le ton, entre nos Potentats respectifs, devient plus agressif encore qu’il le fut aux pires heures de Sapienbourg-le-Vieux. Certains des nôtres se sont fait violemment agresser, alors qu’ils se promenaient paisiblement à proximité de la frontière séparant nos Marches. On sait l’amitié que je te porte et je ne me cache pas de mes nostalgies ; mais l’on m’a instamment prié de ne plus en faire mention. L’heure n’est pas à la paix, hélas…

Puisse la Sereine Magnificence apporter sur ces troubles son Apaisant Soporifique et prendre sous sa Chaleureuse Coupole les misérables détritus que nous sommes,

Thomasso le frais Pasteur, ton ami de toujours

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Wessenburg, le 12 Tiédasse 1987

Cher Thomasso,

Voilà quelques années que nous évoquons, toi et moi, la tension grandissante entre nos Marches. Hier encore, nos Informateurs Éclairés nous apprenaient que des bandes de Sombres avaient harcelé nos gardes frontières. Et toi, tu me rapportes que ce seraient les nôtres qui viennent s’en prendre à de pauvres Sombres en villégiatures… Que croire ? J’ai un cousin qui compte parmi les victimes de ces heurts, qui par chance a réussi à sauver sa vie, sinon ses jambes que l’on a dû amputer. Il m’a décrit des scènes d’une horreur telle que j’aurais honte de te les rapporter. Je ne puis croire qu’elles soient le fait des tiens.

Mais on dit que nos Potentats respectifs travaillent à un traité de pacification. Que le Pantamêletout les illumine de sa Lucide Somnolence et que la paix revienne, définitivement.

La Maison du Savoir de Wessenburg a repris quelque peu vigueur. On m’a muté dans une autre bibliothèque et je devine à cette mesure que l’on estime que j’ai purgé ma peine — bien qu’aucune condamnation officielle n’ait jamais été rendue. Il me faudra t’écrire avec plus de précautions. Pour ta part, ne m’envoie plus directement ton courrier, mais adresse-le au nom de celui que je mentionne en bas de cette missive.

Ma vie s’éclaire : moi aussi vis toujours seul, mais j’ai pu acheter une maison où je peux cultiver un petit jardin. Je suis heureux. Je me remets aux études ; peut-être pourrai-je devenir Pasteur, un lointain jour, malgré mon âge.

Puisse notre amitié traverser ces épreuves… J’implore le Bedonnant Protecteur de nous envoyer un peu de sa Visqueuse Hilarité,

Johann qui ne t’oublie pas

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Sapienbourg-le-Neuf, le 3 Torride 1987

Hélas, mille fois hélas ! Quand pourrais-je encore écrire à ce cher Johann ? La guerre a éclaté entre nos deux Marches et il n’est plus pensable d’envoyer le moindre courrier. Je dois me résoudre à ce pauvre journal, avec l’espoir secret d’un jour pouvoir le lire à celui qui est plus qu’un frère pour moi ; nous rirons alors de ces frayeurs dissipées. Pour autant que l’Indicible Barboteur nous permette, à Johann et moi, de sortir indemnes de cette terrible épreuve, et que cette folie prenne fin rapidement.

Le front est loin d’ici, heureusement. Je n’ai pas été réquisitionné, et sans doute le dois-je au vénérable Magnipasteur Joff, qui m’a confié la tâche de veiller au maintien de l’enseignement en ces périodes difficiles. Lourde responsabilité, à laquelle je me dévoue jour et nuit. Certains me reprochent d’être trop jeune encore pour de telles charges, mais j’ai appris à ne pas écouter ces reproches trop ridicules pour être pris au sérieux. À force de me prétendre trop jeune, ils me retrouveront, un beau matin, trop vieux…

Les étudiants sont nerveux. La plupart des garçons sont ou seront appelés sous les armes quoique, pour l’heure, les Potentats ne recrutent les étudiants que pour encadrer les légions de paysans et d’ouvriers. Le savoir sera-t-il délaissé ? Ne resteraient que les filles et ceux qui éviteront l’appel, pour une raison ou une autre. Mais le pasteur doit être digne de son troupeau, quel qu’il soit.

Je suis sans nouvelle de Johann… Comment vivra-t-il ces temps ignobles ? Que le Protubérant Tubercule nous inocule sa Sourde Pestilence…

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Sapienbourg-le-Neuf, 7 Glace 1988

Six mois déjà que dure cette guerre… Le front n’a guère bougé, les succès et les défaites s’enchaînent quotidiennement, sans que l’on ait le temps de se vanter des premiers ou de pleurer les secondes. Des bruits me viennent, au sujet de mon cher Johann, que je préfère ne pas entendre.

Ma tâche est rude. Les étudiants ne sont plus aussi dociles qu’avant. Ils attendent que nous leur donnions autre chose… mais que pouvons-nous leur offrir de mieux que l’antique sagesse dont nous avons la garde depuis des siècles ? Le Magnipasteur Joff me l’a confirmé, hier encore : « Répéter, Reproduire, Respecter : les trois « r » de notre règle d’or, l’air même de notre vie ! » Face à lui, je ne suis qu’une larve. Encore tout honteux d’avoir été porté à ce poste insigne que je ne mérite pas, je suis retourné sermonner mon troupeau. Pour l’heure, ils m’ont écouté et n’ont pas réagi.

Les rues sont animées, la vie poursuit son chemin dans Sapienbourg-le-Neuf, malgré la guerre qui, heureusement, ne se rapproche pas. On note certaines dégradations, dues à la négligence mais aussi à une construction parfois trop rapide — rien de grave cependant. Quelques graffitis fleurissent aussi, parfois, que la police fait nettoyer à l’aube. Lorsqu’ils sont pris sur le fait, les coupables sont arrêtés et présentés devant le l’Hectaconseil, présidé par le Magnipasteur et trois Augustes Pasteurs. Le plus souvent, ils sont radiés des listes d’étudiants et envoyés sur le front. Leur acte ignoble souille le prestige de notre Maison et est indigne de l’honneur que nous leur faisons en les acceptant comme brebis.

Le soleil se couche sur Sapienbourg-le-Neuf… Au-dessus du lac artificiel, des lambeaux écarlates semblent les reflets des combats qui ensanglantent l’horizon et l’avenir. Il m’arrive, à cette heure particulièrement, de ressentir la vanité de ma tâche… À quoi bon ? Mais me reviennent en mémoire le visage et les paroles du sainctissime Joff et je me repens. Les bruits de la ville volent à mon secours ; quelques rires, des pas qui résonnent entre les murs. La nuit dernière, un couple, dans une chambre voisine, a troublé mon sommeil de ses jeux amoureux. Je suis seul, toujours… j’en ai pris l’habitude, mais en éprouve parfois le regret.

***

Je me relis et j’éprouve de la colère à mon encontre. Que l’Immense Vergeture me lacère de sa Hampe Courroucée si je me laisse à nouveau aller à ces lamentations et à cet apitoiement honteux sur ma méprisable personne ! Que forniquent ceux qui ne savent pas ! Et que mon esprit s’élève vers ces lieux immaculés où seul le Savoir Maxime dispense toutes félicités !

Je n’en ai que plus vertement tancé mes brebis ce matin. Je ne puis admettre leur nervosité, qu’ils manifestent même durant les cours à présent. Je leur ai laissé entrevoir le sort qui les attendait s’ils ne se soumettaient pas à la Règle édictée par le Magnipasteur, et qui a été placardée, suivant mes suggestions, sur tous les murs de la ville. J’ai conseillé aux autorités de restreindre l’accès aux lieux de loisir et de réglementer plus strictement encore la vente de boisson. Je suis sûr d’être entendu sur ce point.

***

Sapienbourg-le-Neuf, 21 Bouillasse 1993

Voilà six ans que cette guerre perdure… Rien ne change, pourtant. Nos troupes avancent puis reculent, puis avancent. Les rumeurs du front sont terribles, toutefois. Les Clairs font preuve d’une cruauté sans nom à l’encontre des populations civiles qui tombent entre leurs mains. Nos soldats ont pour ordre de ne commettre aucune exaction contre les civils Clairs, et je pense qu’ils obéissent, même si la tentation de venger des parents torturés doit être forte. Les officiers qui les encadrent ont, pour la plupart, été formés chez nous, et j’ai toute confiance en eux.

Je reprends ce journal, délaissé si longtemps pour cause de tâches si lourdes, au lendemain du décès de mon ami Joff, Magnipasteur Illustrissime retourné dans les chauds Replis de l’Extravagance Replète. J’écris « ami », car il m’avait fait l’invraisemblable honneur de m’offrir cette amitié, qui est venue compenser l’absence de ce cher Johann. Demain sans doute, l’Hectaconseil Plénipotent se réunira et me nommera Magnipasteur. Plus personne ne me reprochera mon jeune âge, car rares sont ceux qui accepteraient une telle tâche en pareille période. Tout se défait ici ; la discipline est sans cesse contestée, les étudiants complotent, l’état des rues se délabre et il n’est plus possible, pour les honnêtes gens, de se promener tranquille une fois que le soleil s’est couché. J’ai, contre les conseils avisés de mes collègues, conservé ma demeure en ville, comme l’avait fait l’excellent Joff. Ma nouvelle fonction ne me fera pas changer d’avis, mais je présume qu’on assignera des gardes à ma protection. Quelle désolation… Il me faudra reprendre en main ce désastre. L’augustissime Joff était trop bon envers ces jeunes gens qui ont la chance extrême de pouvoir poursuivre leurs études sans devoir aller se battre ; je prendrai sur moi le devoir de les ramener à l’ordre et à la Règle.

Je ne m’y résoudrai pas le cœur léger… Johann me manque… Il me revient qu’il commande une légion dans l’armée des Clairs. Je veux croire que ce ne sont pas ses hommes qui ont commis les immondes exactions qui nous reviennent aux oreilles, tous les jours ou peu s’en faut.

Que l’Inéluctable Flatulent l’éclaire de ses Capiteuses Fragrances, et me donne la force d’accomplir ma tâche.

***

Sapienbourg-le-Neuf, le 36 Caillasse 1994

En six mois d’exercice de ma lourde charge, j’ai pu rétablir l’ordre dans notre belle ville, qui a tant souffert des troubles de cette guerre qui n’en finit pas. Des travaux ont été entrepris pour restaurer les bâtiments endommagés, mais nous avons dû procéder avec des moyens de fortune, car cette guerre insensée ruine nos finances. J’ai renforcé le règlement et le Maxipotent m’a accordé une escadre d’Abrutis — qui, par nature, exècrent les étudiants — pour en assurer le respect. Ainsi, tous les établissements publics ont été fermés, et des peines extrêmes sont prévues pour tout désordre. Les cours se poursuivent et la prochaine cérémonie de Complaisante Restitution devrait se dérouler dans les meilleures conditions possible.

Ma charge me permet de disposer d’informations fraîches et confidentielles sur la guerre. J’ai ainsi appris que nos troupes avaient opéré une percée importante en Marche Claire et qu’ils n’étaient plus qu’à trois cents Pieds Divins de Wessenburg… Il me revient aussi, et cela me désole, que Johann occupe à présent un des plus hauts grades dans l’armée des Clairs. Je ne comprends pas comment cela se peut ; son amitié avec moi lui avait valu d’être relégué dans une obscure bibliothèque… Que s’est-il passé en toi, mon ami ?

***

Sapienbourg-le-Neuf, le 7 Suée 1995

Nos succès militaires ont vite été effacés. L’armée claire nous a refoulés jusqu’au-delà de la frontière. C’est à son tour d’occuper une partie non négligeable de notre territoire. Les Potentats ont ordonné la mobilisation générale, et j’ai dû me battre pour obtenir une dérogation pour les étudiants qui obtiendraient les meilleures notes. La prochaine Complaisante Restitution sera dotée d’un enjeu nouveau qui les motivera au plus haut degré ; ce sera nécessaire, car je dois de plus en plus souvent avoir recours à l’escadre. Les troubles renaissent. Je passe pourtant de longues heures à les haranguer pour les amener à la Raison. Ils sont astreints à la prière au Temple tous les jours pour implorer l’Éblouissant Ripailleur.

***

Un graffiti immonde a été apposé sur le mur de mon immeuble, me désignant aux yeux de tous en des termes que je n’ose même me répéter à mi-voix. La colère gronde chez les étudiants les plus médiocres qui savent qu’ils devront partir au front dans une semaine. Le Maxipotent a renforcé l’escadre pour maintenir l’ordre. Nous retrouverons le coupable de cet ignoble méfait et nous ferons un châtiment exemplaire.

Cette nuit, j’ai surpris des râles amoureux dans une chambre voisine ; cela m’a mis dans une rage insensée. J’ai ordonné aux Abrutis qui gardaient ma porte d’aller interrompre ces répugnances. Que le Liposome Condensé me Gratouille de ses Mandibules et me pardonne ; ces brutes ont dépassé mes ordres. Ils ont mis à mort les fauteurs, non sans avoir violé la fille. Ils ont été arrêtés et le Maxipotent m’assure qu’ils seront sanctionnés. Mais il a précisé que je ne devais pas me sentir coupable, et que le coït à fin non reproductive était dans la liste des actes interdits. Mais qui peut juger des fins, maintenant ?

Johann… ton nom et ton visage reviennent souvent hanter mes nuits. Que deviens-tu ? Quel sang salit tes mains, noircit ton regard ?

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Le coupable a été arrêté ce matin. Il ne nie pas. Il travaille pour les Clairs. L’Hectaconseil l’a condamné à être aussitôt pendouillé sur la Grand-Place, devant le troupeau de brebis au complet — ce qu’il en reste… Avant de mourir, il a hurlé à mon endroit que Johann le Preux le vengera.

J’ai demandé au Maxipotent des renseignements sur Johann. Il m’a regardé lourdement : « Mieux vaut oublier qu’il fut votre ami, Magnipasteur. » Et il est reparti.

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Sapienbourg-le-Neuf, 3 Torride 1998

À quoi rime tout ceci ? Mon troupeau se clairsème. Les rues sont à peine praticables. Les Abrutis règnent en maître sur la ville dont ils ont la charge. Ils ont rouvert les tripots, dont l’accès est interdit aux étudiants. La plupart des habitations sont en ruines. Les bâtiments publics sont délabrés et les quelques Pasteurs qui restent pour assurer la Perpétuation du Savoir doivent travailler dans des conditions épouvantables. Cette guerre abjecte et interminable aura raison de nos plus belles réalisations, de notre plus profonde richesse… Les Clairs sont devenus fous et se sont mués en brutes sanguinaires. Leur marche semble inéluctable. Nos troupes ne parviennent plus à les contenir.

Des digues, au loin, ont été rompues. Une eau, lourde et puante, a envahi la plaine au bout de laquelle nous avons bâti cette ville que j’aurai tant aimée, et qui me trahit aujourd’hui. Les pilotis sont bienvenus, ils nous préservent… pour combien de temps ? Des routes se sont effondrées, qui nous reliaient aux collines. Des barques de fortune assurent, vaille que vaille, la liaison avec la terre ferme.

On me conseille de partir. Chaque jour, des étudiants se muent en fuyards et même, quelle honte, des Pasteurs.

Je sais maintenant que Johann est à la tête des armées claires. Et qu’elles marchent sur Sapienbourg-le-Neuf. Je n’ai plus qu’à l’attendre.

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Aube du 9 Ultime 1999

Au Magnipasteur Thomasso,

Responsable de Sapienbourg-le-Neuf

J’aurais aimé en appeler, une dernière fois, à l’amitié ; mais l’amitié n’a plus cours. Eussiez-vous envoyé un message, durant toutes ces années… Et quand bien même l’avez-vous tenté, ce n’aurait servi à rien. Ni vous ni moi ne contrôlions quoi que ce soit.

J’ai armé ma main et mon cœur contre les vôtres qui ont déclaré la guerre aux miens sous d’insidieux prétextes, et qui ont pillé, rançonné, exterminé tant de villages clairs, à commencer par celui où vivaient mes parents. J’ai vu de mes yeux le mal que ceux que vous avez formés commettaient, dans une jubilation répugnante. Alors, j’ai choisi. Je me suis battu. Et vous avez perdu… Mes troupes sont aux portes de ce qui reste de cette ville folle que votre orgueil sombre a cru pouvoir bâtir, et où vous pensiez reprendre à votre seul compte l’héritage glorieux de Wessenburg. Je me rappelle vos lettres où vous vous réjouissiez du nombre sans cesse grandissant d’étudiants qui vous rejoignaient, alors que je souffrais de voir Wessenburg désertée par cette élite du Savoir. Mais cette ère est révolue. Les Potentats Clairs m’ont convaincu que le Savoir est sans valeur véritable pour assurer la prospérité et le bonheur d’un État. Ils m’ont pardonné cette amitié juvénile et ils m’ont fait confiance.

Je vous offre, par respect pour notre passé, de vous rendre sans résistance. Ceux qui demeurent encore dans ces ruines infectes seront envoyés en centre de Rééducation. Vous serez emprisonné avec les égards dus à votre rang. Si, au coucher du soleil, vous n’êtes pas tous sortis, j’ordonnerai le pillage et la destruction de tout ce qui se trouve dans cette auge répugnante.

Que le Ventru Grimaçant vous pardonne le mal que vous avez commis…

Grosscommandant Johann

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9 Ultime 1999, coucher du soleil

Il y a sans doute quelque chose que je n’ai pas compris, un détail que j’ai laissé échapper. Je rêve, peut-être ? Que sait-on des êtres quand ils évoluent loin de vous, rattachés à votre esprit davantage par votre imagination que par la réalité de leur destinée ?

Il est trop tard, quoi qu’il en soit. Par la fenêtre, je contemple l’étendue grise et sale de cette mer qui est venue combler la vallée, de cette boue qui recouvre ma vie, mes croyances. Mes espoirs. Johann est là, aux portes de ce navire qui va sombrer. Il me tend une main, à défaut de m’ouvrir les bras. Je n’ai pas réussi à l’inviter du temps de la paix, alors il est venu… Dois-je le croire ? Ces horreurs dont il me parle et qui furent le fait des siens…

Les étudiants qui restaient encore ont fui et se sont rendus. Que le Pusillanime Bringuebalant les époussette de ses Cacochymes Aveux.

Voilà, Johann… je t’attends. Il est peut-être temps que nous fassions connaissance.

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