un patchwork informatique, sur des airs connus[1]
Ce n’est qu’un début,
Continuons le combat !
Groupons-nous et demain,
« L’internetiona-a-a-ale »
Sera le genre humain
Il n’est de sauveurs suprêmes
Ni dieu ni césar ni tribun
Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !
Décrétons le salut commun !
Pour que le voleur rende gorge.
Pour tirer l’esprit du cachot
Soufflons nous-mêmes notre forge
Battons le fer quand il est chaud !
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
Vous vous êtes bien payé nos têtes
C’en est fini. Messieurs les rois
Il n’faut plus compter sur les nôtres
On va s’offrir maint’nant les vôtres
Car c’est nous qui faisons les lois
La victoire en chantant
Nous ouvre la barrière
La liberté guide nos pas
Ce n’est qu’un début,
Continuons le combat !
Sang dieu !
Je veux parler sans gêne,
Nom de Dieu !
L’état opprime et la loi triche
L’impôt saigne le malheureux ;
Nul devoir ne s’impose aux riches
Le droit du pauvre est un mot creux.
C’est assez languir en tutelle,
L’égalité veut d’autres lois :
« Pas de droits sans devoirs », dit-elle
« Égaux, pas de devoirs sans droits ! »
Nous tisserons le linceul du vieux monde
Car on entend déjà la révolte qui gronde
C’est nous, les canuts[2]
Nous n’irons plus nus
Nous sommes de Paris
De Prague, de Mexico
Et de Berlin à Tokyo
Des millions à vous dire
À bas l’état policier !
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom,
Liberté
Sur cette toile-Zi on fra vendanges
De poèmes d’amour et de chansons
Filles et garçons, en libres échanges,
Tisseront un réseau qui donne le frisson
Peuvent-ils songer dans leurs folles étreintes
Qu’à cet endroit où s’échangent leurs baisers
J’ai entendu, la nuit, monter des plaintes…
Ce n’est qu’un début,
Continuons le combat !
C’est nous les canuts
Nous n’irons plus nus
Chantez, chantez, magnanarelles[3]
Car la cueillette aime les chants
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence à être
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer,
Liberté
Et c’est pas fini, c’est rien qu’un début
Le vrai soleil, on l’a pas encore vu
Non, c’est pas fini, c’est rien qu’un début
À toi de voir qui crée l’histoire
À toi de voir qui s’en empare !
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur
Dans ce patchwork électronique, on aura reconnu des extraits de l’Internationale écrite par Eugène Pottier en 1871, un slogan de Mai 68, Ah ça ira, une chanson anonyme datant de la Révolution française, Le Chant du départ de Marie-Joseph Chénier, Le Père Duchesne, anonyme, chanté durant la Révolution française, quelques vers du poème, Liberté, de Paul Eluard, dont le texte fut parachuté en 1942 sur la France occupée, Les Canuts d’Aristide Bruant, À bas l’état policier, une chanson de Mai 68, La Butte rouge, de Montéhus, 1922, Les Magnanarelles, un chant de femmes, anonyme, Et c’est pas fini, écrit par Stéphane Verne en 1973, La Sonora, 2001 et Le Temps des cerises que Jean-Baptiste Clément écrivit durant la Commune de Paris.
Tous ces extraits ont été glanés sur le site du chanteur Jacques Deljéhier, (paroles & MP3) et sur paroles.net
Profitons-en, Google (à la chinoise) n’est pas encore passé par là… Si un moteur de recherche devait un jour interdire l’accès aux chansons révolutionnaires, séditieuses ou paillardes, continuons le combat en organisant son boycott.
[1] Les références composant ce patchwork-en français, mosaïne ou arlequine, paraît-il – figurent en fin d’article.
[2] Ouvriers des industries textiles lyonnaises (soieries).
[3] Femmes employées à l’élevage des vers à soie dans les magnaneries provençales.