Titre original : Way to go, baby!
traduit par Stéphanie Follebouckt
Dans l’Antichambre de la Mort, des chaises en plastique reliées par des chaînes (sans doute pour éviter le vol) tapissent les murs. En fait pas vraiment des murs mais des parois de toile et de tubes car l’Antichambre n’est pas une pièce mais une tente kaki étroite qui s’étend sur des kilomètres le long de la route, bien au-delà du supermarché « Faire les rayons jusqu’à l’extinction » et de la pharmacie « Acheter jusqu’à en crever ». Les deux ferment à l’instant, leurs lumières s’éteignent. L’obscurité règne sauf dans la tente emplie d’une faible lueur couleur de fromage crémeux comme si, au cours d’une nuit d’été, des milliers de lucioles et de vers à soie se baladaient amoureusement à travers un nuage de barbe à papa.
Près de l’entrée de la tente dont les rabats ne battent pas (le temps est brumeux et humide mais il n’y a pas de vent), le portier-vigile (sa mission est double : mener les gens à l’intérieur et s’assurer que personne ne décampe) se tient immobile et silencieux sur le trottoir devant la boîte de nuit « Bien envoyé, bébé ! ». Ses grosses mains sont jointes, son épaisse tête de militaire, rasée et sans cou, est perchée sur le col d’une chemise d’un blanc immaculé, agrémenté d’un élégant nœud papillon rouge, sa veste de smoking noire et soyeuse est étirée sur des épaules bien plus larges que la moyenne, ses pattes caprines sont tordues à hauteur des genoux (qu’il a cagneux) et des sabots. Lire la suite →