Il était une fois un pays, véritable don béni du ciel, dont le sol recelait des réserves minérales en quantité innombrable. Ignorant l’existence de celles-ci, la population vivait de la manière la plus simple qui soit, se contentant de la cueillette, de la chasse, de la pêche et des cultures vivrières.

Un beau jour, un explorateur échoua dans cet Eldorado inconnu. Il avait du flair ! Il fit venir des prospecteurs, qui décelèrent presque partout des trésors. Du jour au lendemain, ce pays passa sous le joug colonial. Joug ? C’est ainsi que la colonisation a toujours été considérée, mais le colonisateur éradiqua l’esclavage, la lèpre, la maladie du sommeil et construisit, en plus d’hôpitaux et d’écoles, des routes et des chemins de fer. Belle occasion pour les bons pères à la longue soutane blanche et à la non moins longue barbe grise de faire leur apparition pour évangéliser les indigènes. Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Heu… presque tout, car les frustrations ne peuvent jamais manquer lorsqu’on est colonisé. Lire la suite


C’était une période faste pour la ville de Takapa, le poumon économique de la République de Zandi. La plus grande entreprise minière du pays était florissante. Des milliers de travailleurs avaient bénéficié d’un crédit pour acheter qui une voiture, qui un vélo. Ceux qui étaient logés par la société avaient même eu la possibilité d’acquérir la maison qu’ils occupaient, moyennant d’insignifiantes retenues mensuelles à la source. Comme dans la Bible, les gens buvaient, mangeaient, se mariaient et mariaient leurs filles sans la moindre discrimination tribale. On n’avait jamais connu pareille zénitude. Lire la suite



Comme tous les soirs, le docteur O’Grady et l’interprète Aurelle se trouvaient côte à côte dans le salon de la grande villa qui avait été mise à leur disposition. L’interprète demanda poliment au docteur, qui était plongé dans la lecture des journaux, s’il y avait quelque chose de nouveau.

— Rien de spécial, répondit distraitement le docteur, poursuivant sa lecture, avant de s’arrêter, soudain, pour signaler à son interlocuteur un appel en faveur de la défense du monde dit libre, et ce, contre un adversaire « jamais nommé mais clairement suggéré »…

— Ça y est ! s’écria joyeusement Aurelle. Sa tête a été mise à prix !

— Que dites-vous là ? Lire la suite