Depuis que j’habite à Paris, je ne peux plus me passer des Flamands. À chaque fois que les Français me regardent d’un mauvais œil sous prétexte qu’une voiture immatriculée en rouge roule trop lentement, ou trop vite, est mal garée ou mal lavée, trop prudente ou trop téméraire, la réponse fuse, toute prête : « C’est sûrement un Flamand. » À toutes leurs histoires belges répondent nos histoires de Flamands. À toutes les indélicatesses, à tous les mauvais goûts, à toutes les bêtises et à tous les échecs : les Fla, les Fla, les Flamands. Lire la suite


Quelques disciples se relayaient au chevet du vieux peintre qui achevait de perdre la vue, un sourire sibyllin aux lèvres, dans une clinique de renom. Ils n’étaient pas là pour recueillir son dernier soupir, mais son dernier regard. Car maître Jehan avait un secret qu’il n’avait révélé à personne. Le secret qui l’avait mené à la peinture, bien sûr, mais aussi qui l’en avait éloigné, depuis des lustres, et qui, peut-être – ne rêvons pas, Maître Jehan allait mourir ; il avait fait son temps. Lire la suite


« Chaque plat a son apogée d’esculence. » Bon début. Ça rime avec excellence, j’aime bien les rimes, c’est joli, mon kiki. Notre amour aussi a son apogée d’esculence, et c’est ce soir. Rien n’est trop beau pour Pauline, pas même le faisan à la Brillat-Savarin. Enfin, une poule faisane, c’est plus tendre; mais élevée en plein air, c’est plus éthique; au maïs labellisé français de chez France, c’est plus civique et ce n’est pas transgénique. Au moins 20 cm2 de liberté par animal, c’est écrit sur l’emballage. C’est sage : plus ça court, plus c’est dur. Bon équilibre entre morale et succulence. Ça devrait être bon, mon colon. Rien n’est trop beau pour le grand amour de ma vie. Lire la suite


« Bonne et eurose année ! »

La formule commence à être éculée, mais elle lui plaît. Et puis, en dehors de l’entreprise, on n’a pas encore pris l’habitude de saluer de manière si fine et financière l’année 1999. « Bon an neuf, neuf, neuf », lui a répondu sa crémière. Moins original, pour sûr. Ou peut-être fallait-il comprendre… « n’œuf » ? Chacun voit le calembour dans son bourg. Lire la suite