À jamais, Estelita, mi estrella, mon étoile dans le soir qui tombe sur les eaux troubles, chargées de sel, de sable mais aussi, Telita, des déchets du monde qui divague au loin et des rejets des navires qui voguent au large, des tempêtes, Lita, ou tout simplement du ressac des jours contre notre île, écoute-les, Estelle, battre les flancs du Malecón qui sombre, je sais, Lita, mais résiste, résiste, écoute, écoute, à jamais te dis-je, je poursuivrai la caresse des vagues sur les lèvres du temps, j’entends, de l’éternité, oui, à jamais, Estelia, jusqu’à la fin du monde et au bout de mes palabres vaines, de mes palabras répétées, je chercherai les mots, les mots Lita, qui diront le son et le sens d’une eau sauvage léchant, à l’image de cette île, les lèvres intimes d’une chair intacte…
… Va, va, stella maris, étoile de mer quand tu te couches sur le sable et que tes bras sombres se couvrent de grains clairs, ve, ve, muchacha, je sais, je sais, la route est chaque matin plus crevassée et les nids-de-poule sur le trottoir de plus en plus géants, de vrais abris pour coqs en pâte, des sinécures pour tous les profiteurs qui n’ont eu de cesse de sucer l’île comme une vieille canne à sucre, va, va, petite, balance-toi tout doux, d’un pied à l autre, oui, ainsi, Estrell’amie, navigue et emmène-moi, chaloupe déhanchée, entre les flaques, évite les crapauds qui y croupissent et chantent le début de la nuit, oui, ainsi, petite, ne force pas l’allure, hay quedar tiernpo al tiempo, il faut du temps pour trouver le temps, le Malecón est long et la promenade doit être lente, ma tendre Jane m’attendra, comme elle m’attend toujours quand je pars, et m’a toujours accueilli au retour de mes escapades et souvent de mes défaites, ve ve… Lire la suite