Si au moins le gros lard en pyjama de soie engoncé dans les rayures côtelées de son pantalon s’était éclaté la panse sur la Nadar, j’aurais pu exister ce 23 janvier. Il y aurait eu des bouts de chair orange partout sur le landau de son môme boule de gras, du ketchup humain sur la barrière, et franchement, ç’aurait rendu un bel effet fond-forme — de quoi se gargariser les neurones avec ce qu’on a appris, on s’ennuie pendant dix minutes parce qu’on connaît déjà tout ça, mais ça occupe, ça éloigne l’angoisse pendant ce court laps de temps, ça permet à l’air de gagner des parcelles de poumons et il fait un peu plus tempéré sur les tempes.
Mais non, bien sûr, ce 23 janvier je n’ai vu que la gueule de beauf des amis de Mélanie et la même mini-gueule de gnou des mioches des amis de Mélanie, avec tant de prépositions et de distance je me demande même plus pourquoi j’ai pas l’impression d’exister dans leur petit tas. Eux, ils vivent un truc, les connexions sont établies, on dirait, moi, leur réel, je le vois pas, j’ai juste l’air con, du coup, je parle pas, pas vraiment, je sais même pas ce qui sort de ma bouche c’est tellement jamais moi, que pour sentir quelque chose il faudrait que la panse du gros lard se prenne la Nadar mais c’est pas le cas. Lire la suite →