Avant de me lancer dans l’écriture d’Une paix royale, un roman où j’évoque au moins autant les rois de la petite reine que ceux qui régnèrent sur la nation, il m’arriva de rencontrer certains d’entre eux que, dans l’enfance, j’avais particulièrement admirés. Plus tard, ils parurent avoir apprécié le livre, et participèrent même à son lancement au nord du pays et aux Pays-Bas alors que, dans sa version française, il était déjà poursuivi en justice. Lire la suite


Ils n’ont que le mot amour à la bouche. Et, au nom de l’amour, ils haïssent.

D.H. Lawrence

Voilà. J’avais sympathisé, un temps, comme pas mal d’esprits faibles de ma génération, avec des groupements pseudo-révolutionnaires qui menaçaient de recourir à la violence et, en une occasion ou l’autre, passèrent à l’acte. « Ils y avaient été acculés ! », proclamèrent-ils. Lire la suite


La vie n’est pas un problème qui puisse être résolu en divisant la lumière par l’obscurité et les jours par les nuits, c’est un voyage imprévisible entre des lieux qui n’existent pas.

Stig Dagerman

Enfant, je laissais volontiers mon regard errer sur les tranches des livres disposés dans la bibliothèque de mon père. Jusqu’à ce qu’il butât, chaque fois, sur un titre qui recelait une passionnante énigme : Psychopathologie de la vie quotidienne. J’ai longtemps supposé qu’ainsi l’auteur définissait la vie quotidienne elle-même comme folle, détraquée, dangereusement atteinte par la névrose. N’eût été l’assurance que je ne comprendrais rien à la teneur de l’ouvrage, je l’aurais volontiers parcouru pour voir comment le Docteur Freud s’y prenait pour démontrer le bien-fondé d’une thèse aussi originale. Lire la suite


Cela pourrait commencer par… l’advenue, enfin, d’un nouvel été. La première guêpe s’est introduite à l’aube, dans le salon. Ma voisine, devenue depuis peu veuve, exposait déjà au soleil un corps qu’elle espérait encore jeune. Dans la cour, la fille de la concierge portugaise lissait avec un peigne de fer le pelage d’un Labrador résigné. Sur la terrasse de l’immeuble qui jouxte le mien, au dernier étage, une jeune femme allait et venait, dans l’euphorie ou en colère, pérorant avec force gestes dans le micro de son téléphone portable. Je me suis dit qu’en d’autres temps, elle serait passée pour folle. De même, sans doute, que la vieille fille du septième étage, qui nourrit tous les chats perdus du quartier mais trouve que les animaux manquent quelquefois de gratitude. Pour l’heure, elle tentait d’apprivoiser un hérisson à moitié mort de peur sous la canicule naissante. Lire la suite