Comme si durant une petite heure elles avaient encore à poursuivre leur extraction des entrailles de la nuit, les collines sont bleues ici, en cette saison du moins, quand le jour se lève avec une sorte de paresse convalescente. J’aime cette étrange lumière d’aquarium baignant à l’aube tous ces épaulements boisés qui m’entourent et ces cuvettes céréalières où chaque matin je me plais à plonger un regard circulaire depuis la plus grande fenêtre de ma chambre.
Entre la Toscane et l’Ombrie, entre l’ancienne ville étrusque de Cortone et le lac Trasimène à peine plus au sud, je suis à Piazzano, un lieu de haute solitude réparatrice qui n’est même pas un hameau. C’est, au sommet d’une collinette, plantée comme il se doit d’oliviers centenaires et de cyprès pointus, un endroit particulièrement dégagé où l’on ne trouve en somme que quatre constructions : une église basse, à nef unique et pourvue d’un clocher extérieur ; un cimetière que délimite un muret carré s’élevant à la taille d’un adulte ; une maison spacieuse à deux étages, qui fut autrefois celle du chanoine, et enfin, beaucoup plus modeste celle-ci, une bâtisse idéale pour un célibataire ou un couple sans enfants, à vrai dire l’ancienne boulangerie où naguère, après la messe dominicale, la ciabatta se vendait aux nombreux journaliers des environs. Lire la suite