Le rang de la vieille fée étant venu, elle dit que la princesse se percerait la main d’un fuseau et qu’elle en mourrait. Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n’y eut personne qui ne pleurât. Dans ce moment, la dernière fée dit tout haut ces paroles : “Rassurez-vous, roi et reine, votre fille n’en mourra point (…) ; elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d’un roi viendra la réveiller.”

(…)

Au bout de cent ans, le fils du roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la princesse endormie, (…) se mit à genoux auprès d’elle. Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla. Est-ce vous, mon prince ? lui dit-elle ; vous vous êtes bien fait attendre… Lire la suite


Le petit royaume de Lowanie est en émoi.

Le prince héritier Guillaume, fils unique du roi Harold, vient en effet d’annoncer qu’il allait se marier… avec un homme.

Des rumeurs couraient depuis belle lurette sur l’homosexualité du prince : on l’avait souvent vu en compagnie de beaux jeunes hommes. Il se chuchotait aussi qu’il avait refusé les avances de la princesse Valentine, du Luxemark voisin, qui était pourtant la plus jolie fille à marier du Gotha et que bien d’autres princes convoitaient sans succès. On sait pourquoi maintenant. Le roi Harold en avait été tout à fait dépité : il avait tenté de convaincre son fils qu’il s’agissait là d’une union idéale pour redorer le blason du royaume légèrement écorné par les récents scandales suscités par la passion du roi pour la chasse à l’éléphant et ses excès de vitesse au volant de voitures de grand luxe. Mais Guillaume avait tenu bon et maintenu qu’il entendait faire un mariage d’amour. Lire la suite



— Maître, vous avez la parole.

— Je vous remercie, Monsieur le représentant général des citoyens. Il m’échoit donc la lourde tâche de défendre ici le juge Coppens pour les graves préventions qui sont retenues contre lui. L’instruction a été menée à charge et à décharge par les instances compétentes, à savoir l’Association nationale des journalistes professionnels. Conformément à la règle, tous les éléments de l’enquête, à tout le moins ceux acceptés par les instructeurs, ont été soumis à l’avis des citoyens par voie de référendum sur internet et de publication dans tous les grands quotidiens en ligne. La nation entière connaît donc les détails de l’affaire, sauf que…

— Maître, nous savons tous cela. On vous demande de défendre votre client, pas de nous donner un cours. Le peuple connaît parfaitement les règles de procédure pénale. Poursuivez, mais soyez concret, et restez dans le cadre de la mission qui vous est impartie. Puisqu’on n’a pas encore supprimé les avocats, il faut bien que nous vous écoutions…

— Eh bien, Monsieur le représentant général des citoyens, je vous l’annonce alors d’emblée : je demande l’acquittement de mon client. Lire la suite


— Bonjour, Monsieur le président.

— Bonjour, Madame, Messieurs. J’ai très peu de temps à vous consacrer. Je dois terminer le discours que je prononce au parlement demain sur l’état de l’Union…

— Bien sûr, Monsieur le président. Mais il s’agit véritablement d’une urgence. Nous avons un problème majeur pour la visite du président brésilien dans dix jours.

— Du président… ou de la présidente, je ne sais plus…

— Effectivement, c’est bien de cela qu’il s’agit.

— Comment cela ? Lire la suite


— Maître, vous avez la parole.

— Je vous remercie, Madame la présidente. Je dois d’emblée indiquer à votre tribunal que ma cliente regrette d’avoir à formuler cette demande en divorce, mais l’autre partie ne lui en a pas laissé le choix.

— On a toujours le choix d’agir ou de ne pas agir, Maître. Lire la suite


Février 2019

Une crise sans précédent secoue le marché des bébés et de ses produits dérivés. Le stock d’enfants à vendre a en effet soudainement doublé vu l’arrivée sur le marché de 100.000 bébés chinois âgés de moins d’un mois, mis en vente sur internet depuis une semaine, à des prix extrêmement compétitifs. Ce n’était pourtant pas une surprise : la Chine avait annoncé il y a quelques mois avoir produit 20.000 utérus artificiels à gestation ultra rapide pouvant engendrer chacun cinq bébés par mois. Pourtant, ni la bourse américaine, ni les bourses européennes n’avaient anticipé ce nouvel arrivage. L’offre dépassant pour la première fois très largement la demande, le cours du bébé s’est donc effondré sur le marché des échanges. Lire la suite