— Ce petit garçon mort sur la plage, c’était si touchant, j’en pleure encore ! Pas vous, Paul-Jean ?
Sophie-Anne renifla en essuyant une larme. La quarantaine chic, fraîchement séparée, elle dégageait un certain charme se dit Paul-Jean. Depuis les longues années qu’ils se connaissaient, c’était la première fois qu’il considérait son amie de toujours comme une femme désirable. Continueraient-ils à se vouvoyer même en baisant, si jamais cela devait arriver ? Il posa une main légère sur celle de Sophie-Anne.
— Vous êtes d’une sensiblerie ! Soyons rationnels. Dans une situation aussi surréaliste que celle que nous vivons, devant le flot humain qui envahit l’Europe, ne nous laissons pas entraîner par des émotions dictées par les médias. Parlons plutôt de quotas, de dispatching, de couloirs sanitaires, de frontières, d’encadrement. L’Europe n’est pas un dépotoir ! Moi qui suis chef d’entreprise, je peux vous certifier que sans solution structurelle radicale pour endiguer la marée des migrants, nous sommes cuits et archi-cuits !
— Ce pauvre petit ange ! Allongé, immobile, le corps léché par les vagues, déposé sur le sable comme par une main bienveillante. J’ai imprimé et encadré sa photo pour ne jamais l’oublier. Qu’y a-t-il encore, Thérèse ? Lire la suite →