Ma mère est morte

elle était Flamande de Tervueren

où j’allais voir ma grand-mère dans sa petite maison au long jardin étroit et mon arrière-grand-père qui à nonante ans fumait la pipe dans sa serre parmi les vignes où je suis revenue voir Dotremont à Pluie de Roses qui fumait la cigarette toussait et me servait un alcool fort d’une bouteille au verseur chanteur où je reviens voir le musée pour interroger les masques les statues les charmes les objets usuels les traces des civilisations dont me parlait mon père

ils sont tous morts

Tervueren est un songe

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Dans la salle à manger d’une maison bruxelloise, trois paires d’amis dégustent des asperges à la flamande et échangent des propos joviaux et anodins.

Charles : — On va voir si c’est vrai que les femmes mangent d’abord les pointes et les hommes les tiges…

Alice : — On a tous commencé par les tiges. C’est de la foutaise, ton truc ! Elles sont délicieuses : vous les avez achetées à Malines ?

Bernard : — Nous les avons ramenées du marché d’Eisenach. Lire la suite


« Elle porte un beau prénom, Leocadia, mais préféré qu’on l’appelle Christine », m’avait prévenue mon amie Sophie.

Je ne disais Leocadia qu’à Noël, à son anniversaire, à son départ en voyage et à son retour, quand je l’embrassais. Elle disait madame alors que je lui avais proposé d’emblée d’utiliser mon prénom. Mais elle me parlait de Sophie, de Lysiane, de Marianne, d’autres dames dont elle savait que je les connaissais. Elle réservait le terme de patronne à sa propriétaire et cliente espagnole qu’elle trouvait très gentille.

Par tous les temps, elle arrivait à neuf heures et appréciait qu’à douze heures cinquante, je déclare que tout était impeccable et qu’il n’y avait plus rien à faire. Elle allait se changer et se remaquiller dans la salle de bains et partait en tenue de ville vers un autre appartement, une autre maison à nettoyer. Lire la suite


À Redu, village du livre et de l’espace, symbole du réveil du vieux pays, je marchais dans la poussière des travaux et j’entrais, ébloui par le soleil de juin, dans toutes les librairies, fraîches et sombres comme des grottes. Je cherchais des ouvrages anciens sur l’Ardenne et la Wallonie, sur la faune et la flore, sur les traditions et le folklore, sur les fermes et les hameaux, sur les villes, les mines et les industries d’autrefois. Les bouquinistes me montraient des albums de photographies et des livres d’histoire, des brochures touristiques et des recueils de contes et légendes.

Chargé de sacs en plastique, je rejoignis l’hôtel dont j’occupais l’unique chambre. Il me restait à inspecter la librairie générale que tenait mon hôte. Au bout d’une heure, j’avais découvert deux romans que je feuilletais avec fièvre, debout devant les rayonnages. Je sentais que, tout récents qu’ils fussent, datant d’une dizaine d’années, Les Peupliers et Les trous de la rue Lartoilallaient m’aider à voir plus clair dans de lointaines origines wallonnes, longtemps refoulées, voire reniées. Lire la suite



Pourquoi diable ai-je acheté ce carnet, moi qui n’écris jamais ? Pour la vue aérienne de Bruxelles qui figure sur la couverture ? La photo n’est pas très bonne, et j’ai tenté en vain de repérer les multiples quartiers où j’ai habité. Pour la qualité du papier ? Mon vieux stylo gratouille sur son grain rugueux. Non, je dois bien m’avouer que m’a prise une soudaine envie d’écrire. Lire la suite



Pauvre petite stagiaire, séduite et abandonnée par l’homme le plus puissant du monde, héroïne d’un roman-feuilleton.

Vaillante jeune fille qui a fui, dit-on, un mariage arrangé avec un barbon polygame, héroïne d’un drame romantique. Lire la suite