Monsieur de La Fontaine,

 

Je suis fille trop finaude et modeste à la fois pour prétendre vous parodier. Et ma réponse sera moins légère que ne l’était mon pas quand, réjouie à l’idée de combler mon glouton de mari, je sautai sur la route avec le résultat dont vous avez tiré une bien sévère morale. Mais votre style plus intarissable que le lait de mon pot et votre bonhomie m’autorisent à me confier, et ainsi rectifier votre fable. Ajoutant encore, à votre « adieu » fameux, un nouveau drame qui peut-être mériterait la plus rigoureuse de vos moralités. Lire la suite


 

« Toine était poète !

(…) tout ce qu’il faisait ou disait portait

la marque attendrie et naïve d’une âme

qui s’est fait une logique de rêve… »

Arthur Masson

 

D’emblée m’est revenu un livre [1] dont la savoureuse philosophie enchanta mes vingt ans. Je viens de le relire, comprenant mieux qu’alors les dialogues en wallon. Il m’a de nouveau charmée et m’a donné l’imagination taquine.

Ainsi, je vais me glisser dans les pages, auprès des personnages d’Arthur Masson, afin peut-être de recréer un scénario familier à ma première enfance quand ma nature poète suscitait de raisonnables mais bienveillantes réactions. Lire la suite




Ellington…

 

Fruitées et rondes, des notes lumineuses dégringolaient en grappes, puis, fleuries, s’envolaient.

Elles composaient l’indicatif d’une émission radiophonique quotidienne dont j’ai oublié l’heure. Peut-être était-ce midi qui les égrenait ? Lire la suite


Tout le monde a une âme, les jeunes comme les vieux. Je suis jeune, et j’aime les couleurs. Comme celles d’Ensor, je peux exploser. Mais, comme le peintre, je cache une larme.

Dans mes rêves, elle devient rivière, sillonne mon morcellement, relie les parts. Elle prend sa source dans les forêts, rejoint la mer, puis s’envole, survole ma division, ma maladie, ce désarroi qu’ils tentent de soigner sans bien le comprendre. Dépassés, sont-ils. Leur vacillement ajoute au mien.

Je leur dis : Trouvez mon âme, et vous serez guéris. Perplexes, ils se regardent.

Pour patienter, je chante : Lire la suite


Que me veulent-ils ? Pourquoi ces coups de pieds, ces coups de têtes ? Je fends une atmosphère chargée d’émotions lourdes, échoue dans un filet, le creuse, mais contrairement aux planètes d’Einstein reposant dans les hamacs de l’Espace, je dégringole, roule sur le gazon. Aussitôt ressaisi, encore tiraillé entre le dépit des uns et le triomphe des autres, je vole à nouveau, pare les chocs en rentrant en moi-même. Replié autour de mon noyau, il me faut concentrer ma force centripète, l’opposer à celle des jambes musclées. Ainsi, je « supporte », non pas l’une ou l’autre équipe, mais leurs brutalités conjuguées. J’envie les autres boules, celles de cristal, par exemple, enfermant l’avenir. Moi, je ne suis qu’objet. Opaque moyen pour atteindre le « but ». Lire la suite