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Très cher Ashvin,

J’ignore si ce message vous parviendra un jour. Depuis la dernière pénurie d’alcato-fréon, les dirigeants du 43e District semblent, en effet, considérer la gestion des télécommunications comme un problème mineur. Je vous écris néanmoins – comme le faisaient les Anciens en jetant des bouteilles à la mer – sans savoir si vous me lirez. Cette correspondance entre nous reste mon ballon d’oxygène (j’adore cette expression désuète d’avant la mise en place de la Grande Bulle) ! Lire la suite


La parenté spirituelle, fondée sur le rituel du baptême, a été instaurée dès le VIe siècle par l’Église, dans une perspective de sublimation de la parenté charnelle basée sur la relation sexuelle.

Alors, la mère raconta cette grande aventure, ces heures si particulières chargées d’émotion, de peurs, de fragile magie.

La faille anthropologique dans la réflexion bioéthique amène à envisager des dérogations et non plus des interdictions. La parenté au sens large peut devenir un choix indépendant de la génétique. Lire la suite




Elle ne savait pas quelle décision prendre.

Marcher serait la meilleure des choses, ça l’avait toujours aidée à réfléchir, mais se promener était de plus en plus compliqué dans la Cité.

Le podomètre de son Ex-I-28 indiquait qu’elle était loin du quota permis, elle aurait pu rejoindre la barrière verte sans amputer son crédit mensuel, mais c’était devenu quasi impossible depuis le début de ce quadrimestre : des affichettes auto-fluo signalaient un danger potentiel et interdisaient l’accès à l’aire Forestière : des vents de force XO avaient en effet tracé un nouveau couloir et les derniers grands arbres n’y avaient pas résisté. Lire la suite


Le guide ouvrait la voie, habitué à la chaleur et aux nuées de moustiques, il avançait, écartant les branchages sur notre passage, signalant à voix basse les endroits à éviter, les embûches, les dangers potentiels.

Je suivais, terrorisée.

Les cimes, invisibles, d’arbres gigantesques, devaient culminer à cinquante mètres de haut, dense couvercle végétal qui nous maintenait, étouffés, dans sa moiteur tropicale. Lire la suite


Pour Joline

Est-ce précisément pour ça qu’elle a choisi, la carne, de te frapper là ?

Te frapper là, précisément, où tu mettais tant de fierté ?

Bercée, en ces années quarante, aux gorges hollywoodiennes et triomphantes des Maryline, Jane ou Rita.

Conditionnée dans les fifties par les tétons latins et arrogants des Gina, Sophia ou Claudia de Cinecitta.

Dopée par la séduction glandulaire affichée des Raquel, Brigitte ou Ursula. Lire la suite


Pour papa

Ses longs cheveux, lavés de frais, lui descendent à la taille, plus bas peut-être, difficile à dire tant qu’elle est assise.

Les mains aux doigts entrecroisés sagement posées sur les genoux, elle est parfaitement immobile. Seuls ses deux pouces, infatigablement, se caressent, se contournent, se tournent autour, rotation constante, tranquille. Lire la suite