C’étaient deux police blacks

Qui pratiquaient le slang

Ainsi que le colt cobra

Ils m’plaquent au mur du Bronx

Et je défie quiconque

De ne pas avoir les foies :

« You’re under arrest ! »

Serge Gainsbourg

« Chaque nation, dans chaque région, doit se décider : soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec les terroristes. »

(George W. Bush) Lire la suite


— Entrez.

Le type passe la porte. Il n’est pas content. Ce n’est pas le psychiatre avec qui il a rendez-vous. Comme cela se fait-il ? Et pourquoi, bon Dieu ? On aurait dû le prévenir ! Inadmissible ! Et puis, le remplaçant est cent pour cent black, avec une tête de violeur, de condamné à mort.

— Installez-vous.

Le type s’assied devant le bureau du psychiatre, à califourchon sur la chaise, comme s’ils allaient avoir une discussion aussi simple et efficace qu’un western. Il y a du défi dans ses yeux. D’ordinaire, si on le voit pour la première fois, on n’a pas envie de casser la figure d’un psychiatre. Celui-ci a remarqué les mâchoires serrées et les zygomatiques crispés de son vis-à-vis. Il se dit que, après tout, chacun fait ce qu’il peut. Ce n’est pas toujours adéquat, cela provoque souvent des chocs en retour, mais enfin, les gaffeurs, les complexés, les suicidaires, ça existe et ça fait vivre les psychiatres. Lire la suite


La petite planète où nous sommes est dans la main d’un seul petit homme et l’on voudrait que cela fonctionne ? Depuis que le monde a cessé d’être bipolaire, jamais il n’y eut une telle concentration de pouvoir en aussi peu de dépositaires. En un seul, en fait : la structure politique des États-Unis est ainsi conçue, son président est investi d’une autorité telle que l’on ne peut que sourire amèrement à l’idée que cette même nation se donne pour la première démocratie au monde. Laissez dès lors ce même potentat sans rival à l’échelle de l’astre tout entier, et vous avez la situation que nous sommes en train de vivre : Ubu-Roi, non pas comique, mais cosmique.

Au temps de l’un de ses prédécesseurs, Richard Nixon, les caricaturistes allaient bon train. Peu de présidents furent autant haïs. Le pauvre homme, qui était loin d’être un petit saint, mais qui avait une certaine stature d’homme d’État, sous le mandat duquel l’homme marcha sur la Lune et l’Amérique se mit à parler avec la Chine connut, avant la destination, toutes les épreuves, et en particulier celle du ridicule. Il fut plus parodié que quiconque, eut droit à un pamphlet dévastateur par un des plus grands écrivains de son temps (le « Tricky Dickie » de Philip Roth) était devenu la tête à claques de son époque. À côté de lui, George W. Bush semble étonnamment épargné. Roth s’est contenté de dire, devant une caméra de télévision, qu’il était un âne. Arthur Miller a déclaré, pince-sans-rire, qu’il lui semblait mal préparé pour le job. Pour reprendre une expression chère à une grande dame du journalisme récemment disparue, il semble que la consigne ait été donnée de ne pas tirer sur une ambulance. Lire la suite


Il y a longtemps que je ne suis plus le gardien de notre père qui êtes odieux, et encore moins, je crois, de mon frère ; pas le gardien, non, mais plus simplement ~ plus tristement ~ le témoin de leur déclin mental et physique (le pouvoir est une matière grasse, et son épaisseur met du temps à se diluer. Mon père ne s’en est toujours pas remis, lui qui a continuellement l’œil torve et le ricanement mesquin. Quant à mon frère, il s’entraîne ferme, bien qu’il ne fasse pas toujours les bons exercices, et se sape par ailleurs avec des armures de diplomates taillées par de grands couturiers, mais il y a là-dessous des dépôts adipeux qui feront un baroud d’enfer si les apparences venaient à craquer, ce qui va être le cas tôt ou tard. Au moins ça, c’est une certitude.) Lire la suite