Le monde selon Bush plongerait-il ses racines dans l’école du dimanche des puritains ? S’échappèrent de ladite école, la veille de la guerre du Golfe, non pas la voix du Seigneur transformé en pitbull de la nation, mais, telles des relents de latrines, les mises en garde débiles – d’un manichéisme pour nourrissons attardés – d’un Bush senior, secondé par la fascinante Margaret Thatcher. À l’orgueil du puritain et à son respect du nanti, du puissamment nanti, répond la vulgarité de la clique politicienne. Mais ne blâmons pas excessivement la religion réformée. N’est-ce pas à elle, du moins en partie, que l’on doit la création la plus originale des États-Unis : le jazz noir qui puisa dans les chorales du temple ; ce jazz qui, par parenthèse, à Chicago comme à New York, fut financièrement appuyé par ces mécènes qu’une thèse universitaire récente a comparés à ceux de la Renaissance italienne : les gangsters. Lire la suite


Comme chaque dimanche ils ont pris leur lunch debout, dos à dos dans la grande cuisine.

Après, Dick est sorti s’installer au volant de sa 4X4, un verre de vin rouge entre les mains, comme il fait toujours, pour réfléchir à l’aise, immobile, à regarder les culbutes des écureuils.

Pendant ce temps, Jessie en profite pour passer le coup de fil hebdomadaire aux enfants qui étudient à Washington. Lire la suite


Life went on, and the erosion of democracy and constitutional rights was slow and hardly noticed.

Howard Fast, Being Red

À JeF et Athena, Cleveland OH, qui nont pas de pétrole À Issa Ait Belize, Tilff BE, qui n’en a pas plus

L’Arbre du Ténéré est mort. Au même instant naquit l’Empereur qui venait du pétrole.

L’Arbre du Ténéré est mort. Le vieil acacia solitaire, qui avait vécu plus de trois siècles en allant puiser des traces d’eau à cent coudées de profondeur dans le sable de l’oued desséché, a été heurté par un camion. Phare du désert, il était le point de ralliement des caravanes, le trait d’union entre les hommes qui marchent. Et lorsque ceux-ci ont préféré rouler, son sort fut scellé. Le feuillage de l’ancêtre avait offert une ombre bleutée et apaisante à de nombreuses souffrances. Il n’en reste aujourd’hui que grises poussières invisibles dans l’erg infini. Ses branches discrètes avaient recueilli les bavardages de générations de caravaniers, et cette mémoire fut condamnée. Son tronc avait inscrit au centre des cartes de l’Afrique un repère infaillible qu’un monument métallique prétend aujourd’hui remplacer. Mais les racines de notre arbre, plongeant au cœur de la matière, s’étaient mêlées à celles des premiers arbres du monde pour assurer la pérennité de la grande fraternité des Êtres. Lire la suite


Depuis des mois on patiente, on guette, on suppute. Comme tout le monde, la bécasse attend. Pour un peu, pense-t-elle (elle a presque honte de cette pensée), on espérerait que ça vienne à la fin, c’est trop dur d’imaginer les bombes, les microbes, les scuds, les lambeaux de peau qui flottent aux branches des arbres calcinés ; les hurlements des blessés sous les sifflements des sirènes et le tonnerre des mitrailles, on n’en peut plus, c’est comme si la guerre était déjà là, comme si on la vivait, comme si elle avait déjà eu lieu. Et quand elle aura lieu, elle n’aura plus la moindre importance, une sorte de réplique de la guerre du Golfe, un non-événement. Par contre, l’imaginaire en ébullition, les nerfs à vif devant cet interminable sursis, cette guerre suspendue, ces va-et-vient de diplomates, d’inspecteurs, de journalistes, de photographes, de commentateurs qui se mêlent à la foule de Bagdad, qui écoutent les conversations, tentent de percer le secret de ce peuple fier, imprenable, que galvanise le dictateur, tout ce virtuel, oui, l’événement ne sera pas la guerre à l’Irak, il est dans cette attente interminable, ici, maintenant. Lire la suite


Le bon maître est celui qui tout en réchauffant l’ancien est capable d’y trouver du nouveau !

Confucius

Il faut que je parle de ma peur à Tarass…

Au temps des bars, j’avais un père qui m’aimait… Tarass !

Hello, dad ! White House, Sunday 16 Lire la suite


Diplômé de l’école hôtelière de Namur, Raoul Fourneau – un nom prédestiné – travailla quelques années en cuisine, puis en salle, dans une maison bruxelloise dotée de trois étoiles dans les guides spécialisés. Il y acquit une formation professionnelle d’excellente qualité. Il pensa alors à s’établir à son compte et à exploiter une auberge à la campagne, un genre d’établissement dont raffolent les citadins cherchant pour leur week-end la tranquillité et une table aux mets raffinés.

À l’époque, Raoul avait retrouvé une élève ayant fréquenté la même école que lui. Francine Gérardy s’y connaissait aussi en cuisine. Elle vous mijotait des plats à vous faire saliver, utilisant surtout des produits du terroir et se souvenant de vieilles recettes familiales. Raoul et Francine avaient l’âge de penser au mariage. Ils se rencontrèrent régulièrement et décidèrent bientôt d’unir leurs destinées. Lire la suite


I have a dream

Martin Luther King

Pour Bob Merril et Michel Joiret

C’est quand j’ai papillonné des feuillures, ce matin, que le constat s’est imposé : c’était arrivé. Une rage à faire tomber les dents… la boîte à vif… les nerfs… mes pauvres nerfs… Lorsque j’ai ouvert les yeux, c’était déjà là. Lan-ci-nant. Pas palpable mais là… diffus, mais à écorner les cocus. Strident, mais… Des ratiches, j’en ai plus beaucoup… ça devrait donc limiter les risques d’infection, non ? On se dit ça, mais faut croire que pas. Lire la suite


Le Bushland est le pays des aigles USA. De tous les aquilidés, les USA sont les plus grands, les plus forts, les plus puissants du monde. Ils règnent dans les airs, sur la terre et sur les mers. À l’arrivée des USA, le pays était habité par des oiseaux au plumage chatoyant à dominante rouge, qui vivaient en petites colonies et en très bonne intelligence avec les bisons alors fort nombreux. Les USA détestèrent ces oiseaux indigènes au premier coup d’œil, leur firent une chasse impitoyable et parquèrent les rares survivants, complètement déplumés, dans des cages. Lire la suite


« Entre désastre et mensonge, peu importe, nous avons fait ce que nous pouvions, la poussière retombe sur des villes dévastées et les hommes tentent une fois encore de se ressaisir devant mes caméras, leurs ânes s’effondreront toujours sous leurs coups de bâtons et leurs femmes, enfouies sous des burkas aux chaudes couleurs de ciel, parviendront une fois de plus à excuser les barbares qui les tannent au nom de leur victoire récente. Elles savent que cela ne durera qu’un temps, que les vaincus d’aujourd’hui viendront la nuit trancher de nouvelles gorges, alors, elles tentent de sauver leur tête en la faisant disparaître sous des plis de coton aérien… Bin Laden court le monde, les morts acquiescent dans des sépultures de sable et les vivants rêvent de revanche… Je n’ai plus rien à faire ici, je sens que mes os se glacent à l’idée des réjouissances qui vont suivre. Je me sens loin de tout cela déjà, les mines, la misère, les traditions et la modernité la plus sotte achèveront ce que les chefs de guerre auront épargné. Il est temps de rentrer chez moi et de concentrer les forces qui me restent à combattre là où le mal empoisonne, c’est au pays que je dois forcer la bête à reculer, c’est décidé, je rentre. » Lire la suite