Longue, infiniment longue période de traitements et souffrances confondus où je fais connaissance avec la vie d’hôpital, son vacarme permanent, crissements de charrette dans le couloir et nourriture infecte, remugles et horaires imposés, dignes d’une vie de caserne, cris de patients séniles et grands éclats de rire quand il fait nuit, encore. Et puis ces infirmières qui se succèdent sans cesse, démultiplication des tâches, et puis cet infirmier surgissant dans la chambre au beau milieu de la nuit, lampe vissée sur le front, étrange spéléologue me détaillant comme s’il découvrait le cadavre amené par le flux d’un cours d’eau souterrain, que sa grosse voix d’outre-tombe semble vouloir ressusciter.
Et moi je suis ailleurs, où il ferait meilleur, à échafauder les scénarios de rêves que ma raison profonde mène à leur terme empli de nostalgie. Sommeiller, cauchemarder jusqu’au grand jour où tout s’ébroue et puis impose l’évidence qu’il va falloir remettre ça, vie mécanique, bardée de processus, de protocoles, de règles qui me donnent le vertige, qui me feraient rendre l’âme en cet endroit censé me régénérer…