À Jozef, Marquis de Flandre et de Normandie
Je suis de l’immense Eurasie Je suis de Flandre et de Moscovie M’imposerez-vous une patrie ?
Toumanovitch
— Tous les possibles, les rêvez-vous encore ?
L’âme d’Anton Pavlovitch s’était glissée au cœur de la réunion annuelle du « cercle des conquérants désenchantés », que nous tenions bien entendu dans « notre » cerisaie des Monts des Moineaux, née des noyaux que nous avions crachés, il y a un tiers de siècle, par une fenêtre du vingt-septième étage. Chaque année nous nous y retrouvions à la saison des fruits pour accomplir, comme l’évoquait quelque part sur une scène le vieux laquais Firs, des gestes depuis trop longtemps oubliés : nous cueillions les cerises, en mangions quelques-unes tout en plaisantant, en séchions beaucoup pour l’hiver, pressions le jus des plus mûres, nous confectionnions des confitures et des compotes. Boje moi qu’elles étaient douces, goûteuses, succulentes, parfumées…
Cette année encore nous étions tous là : Tchinguiz le Bouriate, Oleg de Tachkent, Alik le Tadjik, André dit le Flamand, et moi-même dont c’était le tour d’amener un invité surprise.
— Tous les possibles, les rêvez-vous encore ?
La question abrupte ne nous surprit qu’à moitié. Lire la suite