Je parle pour dans mille ans, et je prends date.

Léo Ferré

Qu’aperçoit un Titan posté aux confins du Couchant, sinon les feux et le sang du Levant ? Que voit-il se dévoiler d’autre au crépuscule du divin et de l’humain, qu’une prochaine aurore de l’humain et du divin ?

De toutes les personnes rencontrées durant ma vie, la seule à qui j’ai dit je t’aime c’est toi, Schéhérazade. L’abîme où tu m’as fait plonger relie des altitudes abyssales à des profondeurs astrales, non moins qu’il associe les plus vieilles fables occidentales à tes légendes orientales. Lire la suite


 

Extrait d’Acéphalopolis, juin 2014

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Un grand silence noir déploie son voile sur Jérusalem en Atlantide. L’acteur en scène devine sous lui l’abîme sans visage des origines, puis il regarde le plafond de la voûte céleste avec ses nuages et ses anges. La force tellurique ne se représente pas, quand la puissance cosmique génère une pléthore de créations imaginales. Si figurent des monstres au sein du peuple des statues, ces chimères ailées métamorphosent les énergies naturelles en œuvres de culture. Mais le chaos n’a guère de langage pour se dire. Le propre de l’homme n’est-il pas de contempler les nuages ? Lire la suite


À Eleusis, les mythes qui recelaient le savoir secret du culte étaient présentés aux initiés sous forme de danses rituelles. L’ancienne institution des mystères avait deux principaux degrés d’initiation. L’on révélait dans le premier les mystères de la naissance physique, et dans le second ceux de la naissance et de la vie spirituelles. Le symbolisme du mariage représentait l’union définitive. Mener de front la transformation de soi avec celle de la nature était le principe fondamental de l’initiation rituelle : son but essentiel était la transsubstantiation. Lire la suite


L’heure est venue de parler à l’univers. Ne fut-il pas, dans certain système solaire, une planète agitée de spasmes qui ne s’apaisa, cette année-ci, que par la grâce d’un traitement pharmaco-poétique ayant mobilisé toutes les forces de l’esprit ?

Sans quoi peut-être, enivrée de fumées, la Terre n’eût-elle plus jamais retrouvé sa tête…

Qu’était-ce d’autre, cette planète, que les chiffres de balances commerciales et de finances publiques en concurrence dans une compétition globale où l’hypothèse de toute autre finalité pour l’humanité relevait de la pensée magique ?

Et quel était le sens de cette compétition, sinon pour chaque terre de se rendre plus séduisante que les autres aux yeux d’une divinité céleste soucieuse d’accorder ses faveurs au taux de rentabilité le plus attractif. Ainsi l’immense Russie constituait-elle une promesse d’inestimables profits pour cent mille milliards en errance à l’aube de ce millénaire… Lire la suite


Soleil !

Le jour se lève.

La brume se retire.

Pourquoi se cacher sur scène ?

Je m’y lave à la lumière d’une mer infinie.

Sur la rive orientale me parvient l’haleine de l’Atlas.

Les spectres de la nuit se sont enfuis mais la chanson demeure.

Moi qui n’ai plus de voix ni ne sais chanter : combien d’yeux me voient ? Lire la suite


The time is out of joint : O cursed spite,

That ever I was born to set it right.

Shakespeare, Hamlet

 

Ein Gespenst geht um in Europa –

das Gespenst des Kommunismus.

Marx, Manifeste communiste

 

La Sphère bat comme un tambour aux doigts de l’Atlante qui la porte sur ses épaules. Elle retentit de l’écho des tombes dont sont faits les grains de sa peau. La voix des morts clame à ses oreilles : « Entendez-vous encore le cri de Dante : L’amour meut le soleil et les autres étoiles ? Mais d’où vient-il que les vivants contemplent jour et nuit le ciel sans apercevoir plus qu’un faux plafond constellé d’astres artificiels et d’un lustre jetable en guise de soleil ? D’où leur est venu ce plancher de bitume qui dérobe aux regards des mortels toute voyance des abîmes où nous leur faisons signe ? Lire la suite


Nous produisons selon les lois de l’offre et de la demande. Comme sur tout autre marché. Sans doute est-il recommandé dans notre secteur, plus encore qu’ailleurs, de respecter les exigences du consommateur et d’obéir aux normes de traçabilité. C’est une question d’éthique. On n’imagine plus une entreprise qui ne fasse dépendre son image de marque d’une transparence bien comprise. Mais il ne faut pas faire une distinction dogmatique entre les personnes et les choses. Voyez le taux de croissance des pays émergents. Croyez-vous que, face à une telle concurrence, nous puissions rester compétitifs en étant soumis à des législations archaïques ? Lire la suite


Toi, jeune homme, ne désespère point ;

car, tu as un ami dans le vampire, malgré ton opinion contraire.

En comptant l’acarus sarcopte qui produit la gale, tu auras deux amis !

Lautréamont

Quand l’anniversaire du Titanic rappelle que l’on peut sombrer par temps calme, une île de l’Atlantique où dorment les tempêtes affirme sa quiétude au milieu des cyclones. En cette nécropole aux toitures de méduses glissant sur d’abyssales colonnades ornées d’une mosaïque de papillons marins, dérivent des temples d’algues aux vitraux baignés de lueurs englouties. L’espace ni le temps n’y furent dépouillés de leurs magies ; pas davantage l’ordre cosmique n’y a perdu sa pulsation rythmique. Les perles d’un jardin tropical, sous les récifs, prodiguent leur apostolat. Jamais aucune bible ne prêcha d’un quelconque Yahvé la colère en cet Éden autour duquel une planète entière offre l’image d’un naufragé tourmenté par la soif, quand des masses d’eau préparent le déluge. Que serait un nomade céleste s’il n’était pèlerin de l’abîme ?

Ses pas tracent un chemin dans les mers et dans les airs pour les habitants de la Terre. Lire la suite


Celui qui prendrait ce que j’écris pour la vérité,

serait peut-être moins dans l’erreur que celui qui le prendrait pour une fable.

Denis Diderot

Où et quand parle Shéhérazade ?

Quand bien même il s’écoulerait encore dix siècles avant que les Parisiens ne découvrent pourquoi les gargouilles de Notre-Dame leur tirent la langue depuis près d’un millénaire, les raisons leur en ont été révélées, le matin du 22 juin 2012, avec une actualité scandaleuse.

Au-delà de la démesure : matins nègres de Paris Lire la suite