La lettre qui suit est un faux maladroitement réalisé au XIXe siècle par un contrefacteur dont je tairai le nom. Je me bornerai à dire qu’il fut suffisamment puni pour avoir humilié le très naïf collectionneur que fut le mathématicien français Michel Chasles en lui vendant à plus d’une reprise, contre de fortes sommes, divers documents pour le moins frauduleux. Je l’ai trouvée ci Delvester, dans les caves du Codex Mundi, cette remarquable librairie où je cherchais un exemplaire des Lettres persanes de Montesquieu.

Zélis à Usbek, à Paris Lire la suite


À l’heure où j’écris ces lignes, me reviennent à l’esprit quelques mots d’un texte de Camus, l’une de ces phrases que l’on ne lit jamais machinalement, malgré leur apparente simplicité, et qui font souche dans la mémoire : « Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l’espace ». Lire la suite


Le jacquet est par définition un jeu de hasard et de combinaison qui s’inscrit dans la lignée du trictrac nommé backgammon en Angleterre et ainsi adopté en France au XIXe siècle. Le placement des pièces, les coups de dés destinés à en boucher un coin à l’adversaire, le tour du tableau à effectuer en dernier ressort avant de sortir ses atouts afin de marquer les cases libres de l’autre joueur, les pièces posées à gauche se déplaçant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, tout cela convient pour ainsi dire mot pour mot à l’entraîneur de l’équipe de France de football, Aimé Jacquet, quasi éponyme du jeu, qui, avant le début de la compétition, avait précisément pour ambition d’amener en premier lieu une de ses pièces – à savoir l’équipe nationale – dans le dernier quart du tableau. Lire la suite


Toute honte bue, Marginales aura dont sacrifié au Mondial. Et pourquoi la honte ? Parce qu’il est de bon ton, dans les milieux intellectuels, de mépriser le foot. Ce n’est qu’une idée reçue, que quelques grandes consciences de ce siècle, de Montherlant à Camus et de Handke à Montalbán, suffiraient à contester. Ils ont écrit sur le football, l’ont d’ailleurs aussi pratiqué, et s’ils le châtient quelquefois, c’est parce qu’ils l’aiment et détestent le voir dénaturer.

Pourquoi la honte, devant une discipline qui allie aussi subtilement la force et l’agilité, l’endurance et la vélocité, le don de soi et l’esprit d’équipe, la rigueur du règlement et les innombrables combinatoires possibles ? Pourquoi la honte devant un sport auquel les nations du monde ont aussi massivement adhéré, faisant d’une des nombreuses innovations britanniques en matière de « sport » – un mot anglais quoique de lointaine racine latine – une réussite sans égale ? Lire la suite