Je le sais, Madame, qu’il est bon, mon café.
Je tiens ça de ma mère. Bien après sa retraite, elle allait encore le préparer pour la vieille madame Darsibois. Je le passe à la chaussette, comme autrefois. L’important, c’est de ne pas laisser bouillir l’eau, à peine frémir, humecter la poudre pour qu’elle gonfle, puis verser à petits coups réguliers, sans que le marc ne sèche. Ne surtout rien faire d’autre, être là tout entier, en corps, en esprit, en cœur, je dirais en âme si j’y croyais. Alors, votre café, c’est un concentré d’amour. De nos jours, les gens utilisent des machines qui font pchiiit. Ils ont besoin de ça, le pchiiit. Ou le bling-bling. Regardez-les s’agiter sur leurs GSM, partout, dans le tram, sur les trottoirs… Même aux toilettes, on entend moins péter, excusez-moi, que piip-piip, tagadam tsoin tsoin. Et plus ça clignote plus on se prend pour Superman, le moindre bidule vous a l’air d’un sapin de Noël. Faut dire que la pub en remet des tonnes, voyez-les tous à la télé, pour avaler un fromage blanc ils ont la danse de Saint-Guy. Du coup, tout le monde fait pareil, ça me rappelle l’époque où les gens sortaient d’un western avec les jambes arquées. Je vais vous dire, depuis qu’ils en farcissent les films à la RTBF, je ne la regarde plus, trop l’impression d’être pris pour un con. Lire la suite