Débrouille land
La nuit est triste, je n’ai pas de contrat ce soir. D’habitude je danse, je danse nue. Ce soir je suis triste. Quand je ne danse pas, je suis triste. Toujours aimé danser. Ne voulaient pas de moi sur les scènes d’Opéra, fini par danser dans les bars…
Me suis fait larguer, supportait pas mon métier, le jaloux. C’est pas si courant stripteaseuse. J’adore me montrer, rien à expliquer. « Clara, tu manges la glace », dit maman. Ma mère est prof, prof de danse. En rythme, dans la tradition ballets russes. Elle n’adore pas ce je fais ma mère, elle vient jamais me voir. Papa non plus, il ne dit rien. Il regarde ses godasses. Pourtant je laisse traîner mes cartes de visite, mes dépliants d’animatrice, enchaînée, le cul en fonction poster, les extensions en dégringolade jusqu’aux reins. Papa regarde le vide, ou son Sacré-Cœur en tilleul. Parfois il grimpe au grenier, je l’entends chanter quelques portées de grégorien, un ou deux airs de Schubert… Lire la suite →