L’œuvre de ce sculpteur d’origine indienne, commandée par un philanthrope qui en a fait don à sa ville d’adoption, a connu un très étonnant destin, qui illustre bien les rapports ambivalents, non seulement entre les intentions d’un artiste et la réception de son travail par le public, mais aussi, plus spécifiquement, entre un créateur issu d’un pays dit « émergent » confronté au regard du public américain.
Singh avait obtenu toute latitude pour mener son projet, en termes de temps et d’argent. Il fit donc les repérages nécessaires, et s’installa incognito en ville – « une sacrée expérience », comme il le soulignerait mystérieusement plus tard. La seule condition, qu’il avait acceptée, était que les autorités locales soient consultées et devaient approuver le projet final. Le mécène certifia à l’artiste que ce ne serait qu’une formalité, puisqu’il finançait toute l’opération : il précisa que l’œuvre serait implantée sur une sorte d’esplanade, dans le quartier des affaires, non loin du City Hall, et face à la Detroit River. Lire la suite