Me dire que la seule lettre d’un huissier me coûte l’équivalent de ce me rapporte la vente de trois cents de mes livres.

(À l’heure où les librairies ferment).

N’avoir rien à perdre dans un monde où tout pousse aveuglément à gagner.

Surtout, surtout, ne pas adhérer au clan qui parle de croissance, mais rester au sein de celui qui cultive la richesse.

Taille moyenne. Lire la suite


La colère m’exaspère et va me rendre fou chante Larivaudière dans La fille de Madame Angot. Je n’en suis pas à la folie, mais ma colère ne faiblit pas, car les raisons de la recharger ne manquent guère. Elle se recharge au jour le jour, comme une rhinite ou un eczéma. Les objets qui la provoquent sont multiples et font de moi – au grand désagrément souvent de mes proches – un colérique autrement dit un indigné permanent. J’ai le choix, il s’agira ou bien de l’impossibilité de faire rencontrer morale et politique, comme le démontrent certains dérapages récents ; ou bien de constater l’arrogance des riches toujours plus riches face aux pauvres toujours plus pauvres ; ou bien de m’étonner que d’éminents penseurs (par exemple, Jacques Rogge) continuent à se lamenter au sujet des dérives du sport, comme si celles-ci n’étaient pas inscrites dans la réalité même du sport (de « haut niveau », et encore). Lire la suite



Un de mes livres de chevet est le Dictionnaire analogique de la langue française de Jean-Baptiste Prudence de Boissière, édité à Paris en 1862. Je n’arrête pas d’y puiser des bonheurs – bonheurs des mots, dans les mots, par les mots, autour des mots.

L’entrée colère se trouve entre coing et colique. Elle est, selon l’expression consacrée, une mine de renseignements utiles et de découvertes inattendues. En la lisant avec la plus grande attention, j’ai ainsi appris qu’Achille et Ajax étaient « cités pour leur colère » et que les colériques, les courroucés, les emportés, les enflammés, les impétueux, les outrés ou encore les prompts souffrent tous d’avertin, c’est-à-dire d’un « accès ridicule de colère ». Pourquoi « ridicule » ? Mon cher Jean-Baptiste ne le dit pas. Lire la suite


Comme l’évolué face à l’indigène dans le vocabulaire colonial (ex Congo belge), l’éduqué est aujourd’hui une forme d’avatar de la classe moyenne sans mémoire historique ni point d’appui. C’est généralement le profil de celle ou celui qui parle d’intégration en vivant l’exécration. Lire la suite


Ainsi, ce sont bien nos ancêtres qui sont à l’origine de nos mauvaises passions ! Le diable sous l’apparence du babouin, est notre grand-père.

Charles Darwin

M. pivota sur lui-même. Il tournait maintenant le dos à la fenêtre. On ne distinguait plus de lui que sa silhouette massive et obstinée qui baignait dans un éclaboussement lumineux. La pièce était assez sombre. On ne pouvait pas clairement distinguer les traits furieux de son visage. On pouvait en revanche sentir, par-delà la peau, la colère qui lui circulait dans les veines comme une onde radioactive. Lire la suite


L’évidence est là, aveuglante. Le constat d’échec d’une civilisation, ou qui se prétend telle, qui avait cru mettre dans le mille, ou plutôt les milliards, en misant tout sur l’économie, très mal nommée au demeurant, puisqu’il s’agit plutôt de la prodigalité.

Prodigalité des ressources, des valorisations, des exploitations, des aliénations. Tout ramené au niveau du produit, du niveau zéro du matérialisme. La lutte contre le matérialisme dialectique, l’illusion d’y avoir mis fin, a produit un enfoncement plus abyssal encore dans le matériel, même humain, une immersion absolue dans l’illusion de la rentabilité. Lire la suite