Pour Laurent Buntinx, qui aurait aimé je crois.

La victoire revient à celui qui tient le dernier quart d’heure.

Carl von Clausewitz (1780-1831)

Vesper – 07:15:00

J’aurais voulu être le nouveau Denis Robert, le journaliste d’investigation qui révéla les dessous des chambres de compensation basées aux Luxembourg et à Bruxelles et des circuits du blanchiment d’argent. Je suis ingénieure en informatique et je vais poursuivre le travail entamé par Denis Robert. De l’enquête on passe aujourd’hui à l’action, le système financier mondial va exploser, ou plutôt il va imploser, il va s’effondrer sous son propre poids et je serai le déclencheur. Lire la suite


C’est la crise financière de 2007-2008 qui fut le début de mon effondrement avec la perte de mon emploi d’aide-comptable dans une des principales banques belges qui ne résista pas au tsunami : faillite bancaire, actions chutant à 0, un millier d’agences fermées, et deux mille employés sur le pavé avec une minuscule indemnité de sortie négociée par les syndicats complètement dépassés. Lire la suite


Dans un monde où un comique sans programme ni scénario est élu sans coup férir en Ukraine, où un homme d’affaires véreux et quasi sénile impose sa marque tapageuse à la Maison-Blanche, où un Président russe est en cheville non ouvrière avec des mouvements d’extrême droite un peu partout, où, un peu partout justement la même extrême droite ou ses avatars populistes et ultranationalistes sont déjà au seuil qui sépare l’antichambre du pouvoir de ses couloirs, où une procédure de sortie d’Exit n’en finit pas de ne pas aboutir, où des fake news se propagent à travers des réseaux asociaux et traitent en suspects ceux qui s’ingénient à les désamorcer, où il règne une atmosphère âcre de « dégagisme » censé débarrasser la « vieille politique » d’une gestion faisant écran à toute transparence, désormais mot d’ordre suprême autoproclamé : dans un tel monde, quelles sont les chances d’une personne désorientée de s’y retrouver ? Lire la suite


– Les mythes sont faits pour que l’imagination les anime.

– Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition : c’est à elle qu’il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le mépris. Si la descente ainsi se fait certains jours dans la douleur, elle peut se faire aussi dans la joie. Ce mot n’est pas de trop.

– Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient.

Le mythe de Sisyphe, Albert Camus

C’est indigne, vous comprenez ? L’infirmière répétait qu’elle était seule pour vingt-huit patients, que ce n’était pas la peine puisque j’avais des changes pour me soulager, et qu’elle ne pouvait tout de même pas et cætera. Pourtant, c’est un droit humain, vous savez, au moins la libre circulation. Lire la suite


The Airbus 320 touched down at Madrid’s Barajas airport on this hot June day, puffs of dust rising from the wheels. Marcello Thyssen was the first to leave, as always, from his seat in Business Class, with a merry but deferential « Goodbye Mr T. » from the young member of the crew who had seen to his needs throughout the flight. « Enjoy your stay in Madrid ». Thyssen, or Mr T. as he was known by thousands of people – from air crew to Presidents – turned to the young woman with the smile he was renowned for world-wide, looked at her with his no-less famous extraordinary sparkling eyes and said « Thank you Francesca », with a charm that would persuade a nun to go and work in a whorehouse. Lire la suite


traduit par Stéphanie Follebouckt

L’A320 se pose à l’aéroport Barajas de Madrid en cette chaude journée du mois de juin, soulevant des nuages de poussière sur le tarmac. Comme chaque fois, Marcello Thyssen est le premier passager à quitter son siège en classe affaires, accompagné d’un jovial et respectueux Au revoir, Mister T de la part de la jeune hôtesse de l’air qui s’est occupée de lui pendant le vol. Lire la suite


Les jeux sont faits, les dés sont jetés. Ces élections européennes vont certainement, dans les années qui viennent, si cette discipline appelée la science politique est encore pratiquée, susciter des commentaires de tous ordres, donner lieu à des interprétations multiples et, bien entendu, contradictoires. Il est même probable que la multiplicité des points de vue risque de l’emporter sur leur convergence. L’Europe, en effet, est un écheveau d’enjeux, d’intérêts, de stratégies, et n’apparaît plus, on est en droit de le déplorer, quoi que l’on proclame ici et là, comme une ambition partagée. Ce constat, il faut se résigner à le faire, quoi qu’il en coûte. L’Europe, qui fut brandie il y a trois quarts de siècle comme la grande riposte au cauchemar qui avait ravagé le continent et exigé le sacrifice de millions de vies humaines, a perdu de son pouvoir salvateur de conjurer les risques de conflit. C’est le triste constat que l’on doit déduire des discours que sa gestion politique suscite : elle n’est plus concevable comme une grande synthèse, mais plutôt comme l’addition d’une batterie d’antithèses. Lire la suite