« On apprend ces jours-ci que, à la suite de bien d’autres, Jacques De Decker se retire dans une région à la réputation controversée. Des foules d’individus y sont passées ; et pourtant, les très rares récits qui s’efforcent de l’évoquer, terribles descriptions où abondent vents mauvais, gémissements sans fin, gouffres insondables et autres impénétrables ténèbres, sont tous d’imagination. Quoi qu’il en soit, à ceux qui s’étonnent de sa présence en ces lieux, rien ne dit que Jacques ait l’intention d’en rester là : du moins, on peut penser que, puisqu’il doit y demeurer, il saura en apprécier, sinon les improbables beautés du moins les traits et les formes, et qu’il saura limpidement les interpréter tels qu’ils lui apparaissent, peu importe le temps qu’il y consacre. Lire la suite



La rue en pente offre aux deux frères un terrain d’exercices qui occupent une grande part de leurs journées d’été. Ce sont des courses, des joutes de chevaliers, des concours de remontées ou de descentes, qui sera le premier, qui battra son dernier record et les chutes aussi, les genoux écorchés, le bras de l’un qui soutient l’autre…

Des vapeurs de térébenthine jusque dans le jardin. Aujourd’hui concours de balançoire. Les nuages sont moutonneux, l’été humide, les énergies des gamins débordantes. Comme on ne peut pas lire tout le temps, l’exercice sous toutes ses formes reste leur meilleur défouloir. Lire la suite


Pour rendre hommage à Jacques De Decker, j’ai décidé de le faire parler, de combler un vide du réel. Par le biais d’un discours fictif adressé à la jeunesse, qu’il prisait tant. En tant que jeune et ami de Jacques, j’ai inventé un document dépositaire d’enseignements de vie destinés à ma génération, mêlant idées personnelles, réflexions échangées avec ce grand homme, et saillies tirées de ses œuvres. En un mot, j’ai essayé de traduire, sous la forme d’une lettre, la pensée bienveillante de ce merveilleux traducteur du vivant. Lire la suite


Très cher Jacques,

 

Les longues matinées des 26 et 27 février derniers, nous les avons passées sous les vieilles voûtes de ce petit hôtel des environs de la Place de la République qui t’avait séduit au point de te voir annoncer à ses propriétaires ton retour lors de tes prochains séjours parisiens. Elles auront été les dernières de notre chemin de quarante-trois années alors qu’elles nous semblèrent dessiner l’horizon au long cours de vraies promenades fluviales. Lire la suite


Par une douce soirée d’été, des mots et des chiffres ont décidé de se mêler aux senteurs des plantes et aux chants d’oiseaux.

La pluie s’est invitée presque toute la journée et depuis la fin de l’après-midi, un soleil généreux se répand sur la ville et dans un joli parc à l’allure savamment sauvage.

La terre fume, dilate ses poumons sous la chaude caresse du soleil. Lire la suite



« On était pour lors au mois des blés mûrs, l’air était pesant, le vent tiède… »

Je me blottis contre les créneaux de la Tour de Damme, referme mon Ulenspiegel mais m’attarde sur la couverture d’Olivier Deprez, voyage vers Masereel et ses gravures. Je me redresse, embrasse les paysages déployés à perte de vue au bas de l’édifice moyenâgeux. Prairies et moutons, champs et canaux, l’hôtel de ville et son bulbe, les maisonnettes immaculées et les pavés… Lire la suite


Le tableau est posé par terre, appuyé contre une bibliothèque, dans une pièce encombrée d’un fatras de livres. Deux adolescents – jeunes adultes ? – côte à côte, une fratrie représentée par le père.

Rigueur et fraîcheur, déjà, à l’heure d’une ouverture de destins. Et la peinture conserve la mémoire d’un enthousiasme. Lire la suite


Depuis qu’elle s’était bloquée, laissant la nacelle vide et nue en Place Poelaert, je me glissais dessous avec une certaine jubilation propice à l’insolite.

L’automne déjà ! La dame au petit chien avait disparu, laissant derrière elle un parfum de chevelure vaporeux, aérien, capiteux et subtil.

Trois gamins masqués sortis de l’athénée plus bas, se disputaient un sachet de bonbons. Lire la suite