Premier janvier deux mille deux, zéro heure zéro zéro. Le train traverse à toute vitesse les campagnes tendues de vert, des campagnes où ont été gommées les frontières, des campagnes où seuls les sillons signent l’essence des cultures ici et là nées de la sueur des derniers semeurs. Le train, qu’on n’appelle déjà plus train mais tégévé, tout change même les mots, glisse dans l’espace de l’Euroland. Encore un mot nouveau qui a engendré son frère jumeau, l’Eurolande, revendiqué par quelques nostalgiques fidèles aux restes d’une langue désuète, truffée de particularismes et de subtilités, mais bientôt oubliée. Pour ne pas dire morte. Le professeur Santerre réfléchit à la mort, la sienne et celle de toutes ces choses qui ont accompagné sa vie, mais s’empresse de balayer ces nuages sombres. Les idées noires sont interdites en cette nouvelle république transfrontalière et un homme trop longtemps songeur a vite fait d’être repéré par les brigades spéciales toutes de bleu vêtues. Lire la suite