En ce temps-là, les avions se sont mis à tomber du ciel. Ils s’écrasaient au sol, et cela faisait des centaines de morts à chaque fois. Des volcans se sont éveillés un peu partout sur la Terre, crachant le feu et la terreur. Des raz-de-marée géants ont ravagé des îles entières et même des pays. Des ouragans, des cyclones, des tornades, des tempêtes se sont succédé. La banquise, dans le Nord, s’est mise à fondre. Des maladies nouvelles ont fait leur apparition et des épidémies se sont propagées à travers le monde sans que rien ne puisse les enrayer. Les maladies anciennes ont repris vigueur. Le nombre de cancers s’est développé de manière exponentielle, à cause de tous ces additifs et autres conservateurs que l’on incorporait aux aliments, à cause des emballages, à cause de la pollution, à cause du tabac, de l’alcool, de la drogue… À cause de l’homme, en somme. Dans les pays du Sud, la famine, la guerre et le sida se liguaient pour semer la mort. Dans ceux du Nord, les populations vieillissaient cependant que les naissances se faisaient de plus en plus rares. La stérilité masculine, telle une épidémie d’un genre nouveau, se généralisait. C’était comme si la planète tout entière s’ébrouait, tentant d’éradiquer la race humaine, tel un gros animal couvert de parasites qui se secoue pour s’en débarrasser. Des émeutes ont éclaté puis des révolutions et des guerres, plus brèves mais plus nombreuses, plus sauvages et violentes que par le passé. Guerres ethniques, guerres de religion, guerres expansionnistes, guerres idéologiques, génocides en tout genre. L’Afrique et une partie de l’Asie baignaient dans le sang. En Amérique latine, la violence se répandait. Des armées d’enfants perdus erraient dans les villes, terrifiés et monstrueux à la fois. Ils tuaient et volaient pour survivre, ou pour s’acheter un peu de cette drogue qui leur apportait l’oubli avant de les détruire. La Chine, pendant ce temps-là, signait des accords commerciaux et des traités d’assistance économique avec de nombreux pays d’Afrique, ceux-là mêmes dont les populations mouraient de faim et s’entre-tuaient cependant que leurs dirigeants toujours plus gras paradaient dans des palais climatisés, oubliant de payer militaires et fonctionnaires mais entassant lingots d’or et diamants au fond d’inviolables coffres suisses. Lire la suite →