C’est entendu, la planète rétrécit. À vue d’œil, d’ailleurs, il suffit de s’imaginer scrutant depuis un engin spatial notre terre bleue comme une orange. On en fait le tour en un temps devenu dérisoire. Minable exploit que celui de Philéas Fogg qui mit quatre-vingt jours à en accomplir la circonvolution ! Mais comment se répercute ce phénomène sur le terrain ? Certainement pas dans la sérénité ; dans le bruit et la fureur plutôt, quoique notre époque ait acquis, sans trop le proclamer, un nouveau langage de la violence. Lexicalement, le mot « guerre » en est le plus souvent banni, ou réduit à son emploi métaphorique, même si les faits justifieraient amplement son usage.
Il n’empêche. Nous nous connaissons mieux, différemment de jadis, en tout cas. L’exotisme n’est plus de mise. Une banalisation se généralise, le nivellement commercial y a veillé. Des produits se sont mondialisés, et ce sont souvent les plus sophistiqués. Des voisinages, dès lors, déroutent : une tablette consultée sur un marché de Ouagadougou, une conversation satellitaire d’une rive du fleuve Jaune à une cité haut-perchée du Pérou. Ces chocs insolites n’étonnent plus, deviennent notre ordinaire. Lire la suite