La vérité c’est liberté
Paul Éluard, Poésie ininterrompue
Il aimait et pratiquait la poésie. Quand il se plaignait du peu d’intérêt que les gens d’ici témoignent aux poètes, des amis, aux sourires entendus et un rien goguenards lui répétaient souvent : « Pars donc en Hongrie, c’est un pays où les gens de ton espèce trouvent leur place, mieux que chez nous. » Il avait d’abord cru à un canular, puis, s’étant renseigné auprès de membres du P.E.N. Club, notamment, il avait dû l’admettre : la Hongrie était terre de poésie.
Cependant, pendant plusieurs années, il eut peur de partir dans ce pays de l’Est, un pays qui avait beaucoup souffert et qui devait garder, visibles, les séquelles des événements de 1956 et des années d’autoritarisme répressif. Finalement, pourtant, il décida de passer ses congés à Budapest et dans le pays. Il avait l’habitude de prendre ses jours de liberté à l’automne. Les matins et les soirs marqués par le violet des premiers brouillards lui plaisaient beaucoup. Les mêmes amis qui l’avaient engagé à voir le Danube lui dirent : « Aller en Hongrie en octobre, c’est folie ! À cette époque, là-bas, c’est déjà presque l’hiver. » Lire la suite