L’envie de mettre mes idées en application dans la vie m’est venue pour la première fois en mai ou en juin de 92 ou 93, il y a longtemps en tout cas. C’est l’époque où j’ai expérimenté le métier de détective. Oh, une seule fois. Mais cette fois-là m’a permis de comprendre le pouvoir dissolvant du désir. Voilà comment ça s’est passé. J’étais raisonneur. J’ai toujours été raisonneur. Un soir, à un dîner où je ne connaissais presque personne, la maîtresse de maison m’a dit : « Puisque tu es si malin, tu devrais bien essayer de retrouver mon bracelet ». Ce petit mot, bien, au milieu de la phrase comme un nœud dans une planche en bois, m’a assez frappé pour que je revoie tout le reste, la maison forestoise, les murs safran, la salle à manger aux chaises Philippe Stark et aux bow-windows donnant sur le jardin. Un spot frappait de plein fouet un écroulement de glycines. Oui, ce devait être en juin. Cinq autres convives, un peu plus jeunes que moi et déjà en poste : avocat, dentiste, chanteuse, dominatrice, communicateur. Lire la suite