Il se demande s’il va en reprendre une. Il est étendu sur sa paillasse de plage, les jambes un peu écartées, ses épaules rouges, son ventre ballottant avec des poils blonds, son short ouvert pour la digestion, son genre je-promène-mes-couilles-il-faut-bien-qu’elles-prennent-l’air. Celui-là, je l’ai vu tout à l’heure au bar, il discutait avec un de ces pourvoyeurs de gamines que j’ai appris à repérer depuis seulement dix jours que je suis ici. Je sais qu’il en a eu une dans la matinée. Toutes les couvertures, tous les prétextes sont bons : l’adoption, le parrainage pour la scolarisation, la candidature au mariage même, avec les plus âgées. Cela finit dans un endroit variable, mais toujours par la même séquence lourde, cadeaux dérisoires, sourire gêné ou résigné de la fille, préliminaires hâtifs et puis il la gobe comme un œuf en soufflant comme un bœuf, plus elle est jeune et plus elle est étroite, il aime avoir la sensation qu’il la force un peu, cela dure à peine cinq minutes et déjà il s’excuse presque, il la console et cela fait encore partie de son plaisir, les pauvres petites comme il les aime il voudrait bien les consoler toutes, ce pays, cette pauvreté, pas d’avenir, ce sont comme ses enfants, des enfants pas encore perverties par nos contraintes occidentales économiques vestimentaires judéo-chrétiennes féministes et j’en passe: presque des animaux, et dociles avec ça, mais quel regard profond, on s’y noierait. Il m’a dit ça au même bar hier où il commande ses consommations de tous ordres, les tequilas et les fillettes, après le cinquième mojito j’ai cru qu’il allait me proposer de l’accompagner. On s’y noierait… je vous dis… on s’y noierait… Lire la suite →