La conversation se tient dans la loge de Daniel, le personnage central de La possibilité d’une île, le livre qui aura marqué cette rentrée littéraire 2005 plus que tout autre, et pas seulement en francophone, d’ailleurs. Son interlocutrice l’interviewe pour le magazine qu’elle dirige, Lolita, et forcément ils en viennent à évoquer le livre qui a lancé le prénom et son auteur. L’histrion et la journaliste tombent vite d’accord sur deux points. D’abord sur l’âge des nymphettes susceptibles d’intéresser les hommes : « Nabokov s’est trompé de cinq ans », dit la chroniqueuse, experte, « ce qui plaît à la plupart des hommes ce n’est pas el moment qui précède la puberté, c’est celui qui la suit immédiatement. » Et elle ajoute cette sentence : « De toute façon, ce n’était pas un très bon écrivain. »
Daniel, en qui on peut sans trop se tromper voir un substitut de Michel Houellebecq, abonde, à part lui, dans son sens : « Moi non plus », monologue-t-il intérieurement, « je n’avais jamais supporté ce pseudo-poète médiocre et maniéré, ce malhabile imitateur de Joyce qui n’avait même pas eu la chance de disposer de l’élan qui, chez l’Irlandais insane, permet parfois de passer sur l’accumulation de lourdeurs. Une pâte feuilletée ratée, voilà à quoi m’avait toujours fait penser le style de Nabokov. » Lire la suite →