La nuit, Maître, je dois être votre objet. Vous me le rappelez dans la journée qui précède, par annonces successives, moins pour vous assurer de ma soumission à venir – elle vous est tout acquise – que pour me faire prendre la mesure de ce mot et de la réalité qu’il recouvre. « Tu seras mon objet », dites-vous. Et, marchant à vos côtés, je regarde, dans les vitrines, les vêtements, les vases, les bijoux exposés, mais aussi les lavabos, les chaises, les tapis, les cendriers.
Vous ne m’en dites pas plus. Vous prononcez ce mot, « objet », avec autant d’impavidité que « con », « cul », ou « bouche », la mienne étant, de votre propre aveu, habile à vous servir, la nuit, mais aussi le jour, quand, en pleine rue, vous la forcez de votre doigt pour mesurer ma docilité.
Objet, je suis aussi responsable des objets : les cordelettes, la cravache, les pinces, les godes, le collier et la laisse. D’hôtel en hôtel je pends vos vêtements, je range vos chaussures, et je veille à ne pas laisser traîner les serviettes, les brosses à dents ou à cheveux, et ces autres, plus dures, dont vous vous servez pour me punir, à coups répétés sur le sexe (je crois que ce sont des étrilles).
Quand le soir tombe et que je me prépare à dormir – je me lave, reste nue, et remets mon collier – vous m’attachez à vous par la laisse, passée à votre poignet, puis vous me réclamez les autres accessoires, que je pose à votre chevet.
La nuit dont je vais parler maintenant fut spéciale, tout à fait exceptionnelle à vrai dire. D’abord, je ne fus pas battue. Sans doute, mon attitude, dans les heures précédentes, avait-elle été exemplaire. Je me souviens vous avoir léché entièrement, sucé avec amour, et puis bu tout entier, jusqu’à la moindre goutte. Au terme de quoi vous m’avez dit :
— Tu as été parfaite. Lire la suite →